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18 octobre 2006

Critique de la Déraison Bloggique: Théorie du Virtuel appliquée à Skyblog

On me rétorquera, à juste titre, que ce que je viens d’écrire sur le monde virtuel n’était jamais qu’un transfert de la vérité du monde « réel » (actuel). La particularité du monde virtuel est d’exacerber cette tendance : il est un monde qui par nature et définition devrait permettre la co-existence (pacifique ?) de différents types de savoirs… et pourtant, ce n’est pas le cas.

            Le virtuel étend l’uniformisation, en permettant à tous de s’exprimer… selon le principe dominant, aWiskhy_008lors que le monde de l’édition, par exemple, reste un monde mû par deux principes : le principe économique du marché, le principe littéraire. Ce monde doit répondre à l’impératif économique tout en exigeant une correction certaine du point de vue littéraire, permettant la co-existence entre Rezvani et Dan Brown. Si Kévin devait écrire sa vie (car il n’est pas du tout certain qu’il sache parler d’autre chose que de son petit nombril), aucune maison d’édition n’accepterait de publier son manuscrit. L’autobiographie de Loana ne trouve son marché que parce qu’elle recoupe un autre plan… le plan de l’audimat télévisuel.

            Pour les maisons de disque, le raisonnement est tout autre : avec les Back Street Boys, Eros Ramazzotti, toute la R’n’B,

et le rock daube dont nous parle Marsel le monde de la musique n’est pas loin d’être un monde presque aussi pauvre et médiocre que celui du virtuel. La musique est un art particulier : la musique populaire n’a jamais suscité le moindre effort ; elle accompagne notre vie mentale ; immédiate, elle ne se réfléchit pas, elle fait son chemin, ne fait pas de sur-place, contrairement à la lecture qui suit une autre temporalité, faite d’aller-retour. La musique étant permissive, elle peut toujours glisser sur l’esprit – et c’est ce qu’on demande à la musique de Ramazzotti – alors que la lecture doit toujours y adhérer, s’y accrocher… Le constat est le même pour le cinéma qui, comme la musique, possède la même immatérialité que le virtuel… Néanmoins, cinéma et musique demandent un minimum de compétences techniques. Quoique! (oui, cliquez sur le lien...)

            Le monde virtuel, quant à lui, renforce, accentue le déséquilibre entre l’inintelligence des gr3enfly et l’intelligence de paris9depression : le virtuel donne la possibilité à tous les abrutis de s’exprimer et de noyer l’intelligence sous une avalanche de sottises gr3enflyesques. La marge entre les intellectuels et les imbéciles étant déjà grandes, la publicité sélective (et élitiste, au départ) des actes culturels permettait de réduire cette marge… mais avec l’apparition du net, la marge s’élargit et devient quasiment infinie dans la mesure où les bloggers-types vont jusqu’à créer plusieurs blogs qui n’ont de différent que le pseudo. Infinie aussi l’intolérance des sots : on peut redouter la disparition pure et simple de la classe intellectuelle, la fin de l’intelligence !

            Dans un monde de possibilités existe la possibilité de rendre toute-puissante l’une d’elles qui, dans le monde actuel (ou réel), serait naturellement limitée. Le virtuel serait-il un système paradoxalement ingénieux qui permettrait d’éliminer l’élite intellectuelle ? Les trous-du-cul ne manquent jamais d’ingéniosité lorsqu’il s’agit de tracer des plan d’extermination. Le virtuel est la réalisation d’une tendance actuelle : le monde virtuel apparaît comme une possibilité d’effacement de toute possibilité différentielle. Au lieu d’ouvrir un monde où toutes les possibilités seraient envisagées, il réalise la possibilité d’uniformisation absolue ! En quelques mots, le virtuel dit : « Oui, il est possible de tendre tous les esprits vers une idée commune ».

            Ce que la culture réelle de masse peine à réaliser, la culture virtuelle l’actualise en offrant la possibilité à l’immense majorité des imbéciles qui n’ont rien à dire de dire que, finalement, il n’y a rien à dire.

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Commentaires
M
Ma conclusion fonctionnerait si j'acceptais vraiment une théorie du complot contre l'élite intellectuelle... mais je n'y crois pas moi-même. Je ne crois en aucune théorie de complots: je pense qu'à force de tout dire et de dire n'importe quoi (croissance exponentielle de la liberté d'expression), on étouffe le dire intelligent. Et que l'intelligence, dans un système skyblog, est comme une donnée erronée qui risquerait de le buguer. Du coup, Skyblog censure ce qui n'a pas été compris pour la simple et mauvaise raison que cela apparaît comme une sorte de virus informatique.
R
L'argumentation est brillante mais je ne partage pas du tout la conclusion. Ce Blog ainsi que d'autres... (Certes en nombre limité)... montre bien que la réponse à la question :<br /> - "Le virtuel serait-il un système paradoxalement ingénieux qui permettrait d’éliminer l’élite intellectuelle ?"<br /> <br /> n'est pas si évidente...<br /> <br /> D'une part le mot ingénieux dans cette phrase me fait penser que ce système aurait été "inventé" ou "mis en place" par quelqu'un... En effet l'ingéniosité fait appel à l'implication humaine dans un processus. Or le virtuel est pour moi le résultat d'une succession d'avancées technologiques qui ont déclanché un processus sans véritable plannification humaine. Le phénomène que l'on observe actuellement est à mon avis le résultat d'une meilleure élasticité comportementale* face aux thechnologies futiles de la masse robotique décérébrée que de l'élite intéllectuelle. Cependant l'élite intellectuelle saura lorsqu'elle sera correctement guidée (orientée même...) prendre la place qui lui revient de droit dans le virtuel.<br /> <br /> C'est pourquoi il est utile de continuer d'ailleurs.<br /> <br /> * quand je parle de "meilleure elasticité comportementale" il s'entend que le terme 'majoratif' signifie simplement que dans le but qui nous interesse ( c'est à dire investir le virtuel) il s'agit d'une qualité. Mais il n'est nullement question d'affirmer que cette elasticité est une réelle qualité en soi...
G
Si ça suscite l'intérêt, c'est qu'il y a un intérêt, que c'est intéressant.<br /> <br /> Je n'ai pas encore tout lu, mais le ferai.<br /> <br /> Je préfère le tutoiement à priori, quoique le vousvoiement ne me dérange nullement.
M
Merci pour cette remarque, Marsel. Je ne sais pas si tu (ou vous? comme tu préférez) as lu les autres articles... ceci n'est que la conclusion d'une longue "critique de la déraison virtuelle", qui a suscité l'enthousiasme de pas mal de gens... à mon grand étonnement. Les autres articles sont plus centrés sur des "skyblogs" en particulier... et donc ne sont pas nécessairement compréhensibles.
G
Cet article, celui auquel je réponds, est remarquable de clarté et de concision, malgré un développement qui me laisse admiratif (le développement est trop souvent un égarement ou une répétition). Il est certes un fait que nous vivons actuellement un nivellement par le bas, l'appel au plus petit dénominateur neuronal commum. Je pourrai développer, mais ceci n'est qu'un comm', sans compter que tout ou presque est dit, et que même si je nuancerai ou relativiserai certaines conclusions, l'essentiel est posé. Chapeau bas.
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  • Suite à la censure arbitraire de mon blog paris9depression sur skyblog, j'ai préféré choisir un environnement qui ne serait pas dominé par le fascisme cybercopique. Mon blog a pour tâche de livrer des analyses ironiques de certaines perles de skyblog.
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