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Contre la censure SKYBLOG

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24 novembre 2007

Lynch suite

Absurdité du langage et langage de l'absurde (3/4)

Absurdité du langage et langage de l'absurde (3/4)

III

Voici le troisième point de la critique lynchéenne du langage. Nous avons d'abord envisagé l'absurdité du langage dans la critique ironique, à travers l'analyse d'un dialogue de Twin Peaks - Fire Walk With Me ; ensuite, le deuxième point général de la définition du langage se trouvait en son arbitraire et celui de l'ordre alphabétique tout particulièrement, avec l'acte cinématographique insolent de The Alphabet. Maintenant, envisageons l'autre pôle du langage : non plus le langage comme code, mais comme message actualisable par les actes de parole. Nous subdiviserons ainsi ce troisième point en trois sous-points : la parole, comme actualisation d'un message ; le bruit dans son opposition à la parole et comme valeur d'authenticité absurde ; et enfin, la musique comme âme et corps, porteurs de l'unicité personnelle. Il semble que Lynch ait découvert ces stades graduellement.


David Lynch, au cours de divers entretiens, s'est toujours affirmé ingénieur du son plutôt que cinéaste. Son Eraserhead, kafkaïen ou surréaliste selon les critiques, est un travail sur la matière sonore avant tout. Il est kafkaïen du point de vue sonore ; surréaliste dans son histoire et son travail plastique. Mais sons et images forment une dyade, la fiction dépend tout autant du son (non pas la parole, mais le bruit) que de l'image, les deux éléments se conditionnant mutuellement dans l'avancée diégétique (et philosophique). Néanmoins, le film sera dit "audiovisuel" si l'on entend ce mot à la manière de Deleuze. [1] L'image audiovisuelle n'est pas un tout, mais une fusion de la déchirure. [2] Nous avons défini l'absurde comme divorce, c'est-à-dire comme co-présence de deux éléments par nature incompatibles... comme décalage ou comme déchirure. Le point commun entre l'image audiovisuelle et l'absurde tient dans cette disjonction, cette dissociation d'éléments héautonomes qui entrent en rapport pour donner dans ce cas-là l'image audiovisuelle, dans ce cas-ci l'absurde. Ce que Lynch faut valoir dans cette image, c'est la rupture : l'audiovisuel comme métaphore de l'absurde.

Eraserhead offre un monde théoriquement primitif, c'est-à-dire non théorisé, car indéterminé, monde opaque, monde absurde. L'absurdité me semble donc renforcée dans ce dé-collage de l'image par rapport au et en rapport avec le son, par un double décalage entre une image visuelle informatiquement raréfiée par l'obscurité qui en absorbe les éléments et une image sonore qui, sans être saturée de sons, remplit pourtant bien l'espace filmique. J'entrevois déjà ici une déchirure à l'image de la déchirure entre le père et le fils, sur laquelle je mettrai l'accent lorsqu'il s'agira d'étudier l'aspect Jeckyll & Hyde, dans un article ultérieur.

Eraserhead manifestait par sa seule image visuelle l'opacité de son monde. Il la manifeste également par sa seule image sonore : le bruit est à l'obscurité ce que la parole (signifiante) est à la lumière. Indétermination par le son réduit à un bruit continu. En ce sens, nous pourrions rétorquer que l'image n'est pas audiovisuelle puisque le son double l'image : vide, l'image l'est des deux points de vue, j'entends : du point de vue de l'espace et du temps. L'image en tant qu'image visuelle composée avec un minimum de soin formel peut donner un tableau. La peinture est un art de l'espace. La musique, par contre, est placée sous la catégorie des arts du temps. Or dans Eraserhead, l'espace est aussi vide que le temps est atemporel. Dans la mesure où les éléments du décor sont engloutis dans l'obscurité, nous sommes face à des "toiles" chiches en informations, quasiment vides. Et que le langage musical mesure le temps selon le rythme, un son continu - le son continu du bruit dans Eraserhead, est atemporel, pauvre en événements. [3] Deux vides, ou plutôt deux manières d'"indéterminer" le monde, de le plonger dans les ténébres. La lumière qui envahit l'espace dans le film est aussi mince que le filet de voix ou de musique qui tente de se frayer un passage au travers d'une couche sonore fort épaisse. Le sens se cache, fait violence à une masse mondaine riche en interprétations multiples dont aucune n'est préalablement donnée par le cinéaste. Le bruit qui traverse toute l'oeuvre cinématographique de Lynch n'est pas le fait d'un simple jeu formel, gratuit, mais est posé comme l'envers de la musique, qui elle également acquerra de l'importance dès Blue Velvet (c'est d'ailleurs à ce moment que l'absurde lynchéen devient théorique, relatif et non plus empirique et absolu). [4] Le bruit c'est l'indéterminé, la musique la mise en forme d'une matière sonore, c'est le sens du son. Quant à la parole, nous avons vu au premier point qu'elle ne véhiculait aucun message. Les dialogues chez Lynch sont avsurdes, ne valent que pour marquer des décalages informationnels (tout le film Twin Peaks fonctionne selon cette logique, par renversements de causes et d'effets ou de contradictions [5]), pour le brouhahah qu'elle suscite par le mélange des voix [6] et pour marquer l'insignifiance, dans les deux sens du terme, du signifiant. Les individus ne parle donc pas pour dire quelque chose, du moins quelque chose de substantiel, mais pour indiquer leur spécificité, leur unicité. Dans Mulhollande Drive, par exemple, au cours d'une scène d'anthologie pour toutes les écoles d'acteurs, on assiste à une mise en abîme du jeu d'acteurs : alors qu'elle se prépare pour une audition, Betty Elms (Naomi Watts) interprète une scène en respectant le sens littéral des dialogues (un "je te hais" est dans le jeu de l'actrice présenter comme un "je te hais" bien réel, avec les voix qui s'élèvent, une certaine colère qui doit marquer une distance spatiale entre Betty et Rita - Laurra Harring - qui lui donne la réplique) ; au moment de passer l'audition, avec de véritables acteurs, le jeu de l'actrice sera absolument différent, à l'opposé puisqu'il ne respectera pas, trop scolairement, la littéralité des dialogues (le "Je te hais", formé par une parole plus lente et beaucoup plus basse, devient une véritable déclaration d'amour, à la sincérité de laquelle on croit). Le sens ne vient donc pas des mots mais des émotions qui passent à travers les actes de paroles. Généralement, la parole est considérée comme un accident de langage, comme son support nécessaire, le "trop indispensable" : elle joue en ce sens le même rôle que la mémoire chez Descartes ; il s'agira de s'en méfier pour ses imperfections (ainsi l'oubli est à la mémoire ce que le défaut de prononciation ou l'accent régional est à la parole, une source de bruits [7]). Chez Lynch, au contraire, on assiste à ce renversement feuerbachien où la parole, en tant qu'aspect concre et unique, prime sur la langue abstraite et "relativement" universelle. Ce n'est pas tant que le message qui importe que celui qui, hic et nunc, prononce les mots avec sa signature vocale. C'est la singularité de la voix qui attirera l'attention du réalisateur en tant qu'elle est riche en sons. Le message ne devient ainsi, chez Lynch, que le support de la parole. Ce qui peut faire penser d'ailleurs à l'une des conceptions théâtrales de Antonin Artaud : il s'agit pour le poète de faire gueuler les acteurs de manière à jouer avec la matière sonore et non de réciter un texte signifiant.

La parole est d'autant plus importante qu'elle a le privilège de rarement se dévoiler. La voix de fausset de Henry, dans Eraserhead, est aussi rare que le nruit imprégnant. Ces voix particulières doivent se faire entendre le moins souvent possible de manière à surprendre le spectateur. On ne surprend pas avec du banal. Surprendre, c'est singulariser un événement. Michel Chion fait remarquer que Lynch a privilégié deux aspects de l'homme-éléphant : sa protubérance frontale (c'est l'aspect "hollywoodien" du film : on est dans l'ordre de la représentation) et sa voix. Il faudrait faire patienter le spectateur avant que la bosse de l'homme-éléphant ne soit dévoilée, dévoilement accompagné d'ailleurs du cri de l'infirmière, et attendre encore plus longtemps avant d'entendre sa voix... les sons qu'il émettait se réduisant d'ailleurs à un râle asthmatique. C'est l'aspect sonore de l'homme-éléphant qui a ainsi semblé retenir l'attention du cinéaste. Notons d'ailleurs que seul le cri déchirant de l'homme-éléphant dans son rapport décalé avec le message pouvait susciter un tel émoi parmi les spectateurs : "I'm not an animal, I'm not an elephant, I'm a human being" est une jolie contradiction émouvante. Cette revendication absurde de John Merrick est d'ailleurs précédé d'un "No!" hurlé et pleuré, riche en affects. Alors que cette voix témoigne de l'inhumanité de John Merrick [8], le sens du message énonce tout le contraire, il énonce le désir de conformisme du monstre. [9] Ce besoin pathétique d'être comme les autres quand on est essentiellement (et je dis bien "essentiellement") différent est véritablement touchant. Tout autre cinéaste que Lynch n'aurait compris le mot aussi profondément, et cette réplique, si fameuse, n'aurait pas été porteuse d'une authentique émotion et aurait fait pleurer le sentimentaliste à défaut d'arracher les larmes sincères du sentimental. Film à scénario, Elephant Man a évité l'écueille de la médiocrité par le traitement lynchéen du son. Elephant Man n'est pas un film que certains critiques qualifient superficiellement de "bourgeois" : ces derniers imaginent le film comme une fable qu'achève une morale. Non, loin de là : Lynch a sauvé le film d'un lafontainisme pour dégager une histoire traitant d'une victime dont on finit par évaporer l'unicité après avoir préalablement défini cette dernière comme monstruosité.

Si nous continuons notre chemin dans la cinématographie chronologique de David Lynch, nous arrivons à Blue Velvet. Ce film ne semble pas accorder beaucoup d'importance à la parole. On dirait que Blue Velvet travaille plutôt du côté de la logique d'enchaînementsdes séquences. Ce film se présente comme une enquête policière, ou plutôt de détective... mais, contrairement à tout film de détective, ce ne sont pas les raisonnements qui mèneront au dénouement de l'intrigue. Jeffrey Beaumont (Kyle Mc Lahan) ne cesse de poser des hypothèses qui révèlent surtout leur impertinence... Le raisonnement ne fait pas avancer l'enquête, c'est plutôt l'action du "détective" qui va à l'aveuglette. Blue Velvet se caractérise surtout par une rupture des liens sensori-moteurs, une image-action de principe mais qui fonctionne à l'envers. Néanmoins, il est à noter que si la parole en tant que porteuse de spécificités, le titre du film fait immédiatement référence à la chanson "Blue Velvet", élément déclencheur de l'action et fantasme du pervers Dennis Hopper. La musique commence à revêtir une certaine importance...

(à suivre)




[1] Gilles Deleuze, Cinéma II. L'Image-Temps, op. cit. p. 334
[2] Ibid. p. 364.
[3] Si du moins, à la manière de Lalande, on définit le temps comme "période qui va d'un événement antérieur à un événement postérieur" ou même encore comme "changement continuel". Le bruit est de l'ordre de l'éternel dans la mesure où on oppose temps et éternité : "Les temps est ce qui passe, en contraste avec ce qui demeure".
[4] J'ignore raisonnablement les deux films qui séparent Eraserhead de Blue Velvet dans le sens où Elephant Man et Dune surtout ne sont pas des films lynchéens : les seules signatures du réalisateur apposées sur Elephant Man sont l'usage du noir et blanc et le traitement du son. Quant à Dune, il n'est pas subjectif ou anti-scientifique de reconnaître qu'il doit autant à Lynch ce que "La Volonté de Puissance" doit à Nietzsche. Cette idée se passe de commentaires : l'histoire le prouve autant que l'intuition.
[5] Par exemple, lorsque Laura Palmer revient du lycée, son père l'invite à s'asseoir à table, puis - selon une logique très batesonienne du double bind - la sermonne parce qu'elle ne s'est pas lavée les mains avant de se mettre à table.
[6] Toujours Twin Peaks - Fire Walk With Me, au cours de cette séquence remarquable où l'esprit maléfique repenti, Mike (qui n'est pas philogéniste ni philocrate), accuse Leland Palmer d'on-ne-sait-quel-crime (à moins de lire les sous-titres), dans un vacarme tel que le sens des mots s'y perd. Notons également cette nouvelle déchirure, machinique cette fois, dans le mouvement impossible de la voiture qui roule sur place, accélérateur à fond et freins bloqués. (sans pour autant que le moteur cale)
[7] Le bruit entendu ici, sans jeu de mots, comme ce qui empêche le bon déroulement de la communication.
[8] "On a rejeté ce qui est à part, c'est-à-dire l'unique, au profit du concept, on a rejeté l'inhumain au profit de l'homme et on n'a pas reconnu que l'inhumain est la véritable et seule possible réalisation de l'homme...", Max Stirner, "Réponses à Feuerbach, Szeliga, Hess", in L'Unique..., op. cit., p. 417.
[9] A comparer d'ailleurs avec le meilleur roman de Victor Hugo, "Notre-Dame de Paris" : Quasimodo finit par tomber dans le plus plat conformisme en tombant platement amoureux d'une fille dont même le grand Frollo est tombé (mais splendidement, lui au moins) amoureux. Le roman est pris entre deux mouvements : celui de la conformisation de l'Unique qu'est Quasimodo et celui de la phénoménalisation de la singularisation d'un personnage trop discret, Claude Frollo. Quasimodo et Frollo se font tous deux illusions : Frollo veut se détacher de la tradition, sacrifier celle-ci et partir à l'aventure avec Esméralda, alors que Quasimodo, démocrate avant l'ère, nous chante sa plate leçon morale sur l'importance du dedans par rapport au dehors, réduisant sa personne au plus petit dénominateur commun : celui de l'être humain. Frollo part de l'être de son état de prêtre pour aboutir au devenir de l'aventurier ; lorsque l'autre se défait de sa marque de singularité, c'est-à-dire l'accident pour verser dans la substance et se définir par l'essence. Il n'est donc pas étonnant que ce siècle de nihilisme passif ait posé un jugement de valeur en défaveur de Frollo.

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# Posté le samedi 24 novembre 2007 10:43

Modifié le samedi 24 novembre 2007 12:41

Absurdité du langage et langage de l'absurde (2/4)

II

Comme je l'ai dit précédemment, la seconde critique avait déjà été envisagée par David Lynch dès son premier film : The Alphabet. Mais elle nous semble de loin bien moins intéressante en ce qu'elle se contente de critiquer le langage dans le sens négatif d'une simple destruction. Dans Twin Peaks - Fire Walk With Me, nous assistions à une déconstruction du langage, par une étude des fonctions des codes (et surtout du surcode : l'argot FBI), de la quantité d'information apportée par le message et de la communication par personne interposée, avec ses échecs, ses bruits et l'inutilité même de cette dernière. Avec The Alphabet, nous ne retenons qu'un acte cinématographique critique : on y dénonce l'abritraire du langage mais surtout : la tyrannie qui en découle. L'originalité de Lynch ne vient donc pas à proprement parler de sa dénonciation de l'arbitraire du langage mais surtout, comme nous allons le voir plus bas, de sa définition actuelle de la liberté. [1]

Feuerbach et Ionesco (et bien d'autres à la suite du premier, d'ailleurs) nous disent que le mot n'est pas la chose ; c'est le constat de Lynch dans Twin Peaks. Lynch va plus loin que ce simple constat, nous l'avons vu. Le premier Lynch, celui de The Alphabet, ne dépasse pas Stirner, il répète (tombant lui-même dans cette redondance qu'il pointe du doigt dans Twin Peaks) :

Non plus qu'en d'autres sphères, on ne laisse en pédagogie la liberté percer : on exige la soumission. On ne recherche qu'un dressage aux formes et palpable, et de la ménagerie des humanistes ne ressortent que des lettres, de celles des réalistes que des "citoyens bons à quelque chose" ; les uns et les autres ne sont pourtant que des êtres assujettis. Notre bon fond d'indiscipline est étouffé avec violence et, avec lui, le développement du savoir vers le libre vouloir. [2]

Chris Rodley : - On sent clairement dans le film (The Alphabet) qu'apprendre est une expérience très déplaisante.
David Lynch : - C'est une menace, c'est une chose qu'on vous impose. C'est nécessaire, mais ce n'est pas agréable. J'ai été frappé par le fait qu'apprendre, au lieu d'être un processus heureux, se résume le plus souvent à un cauchemar, ça donne des rêves aux gens - de mauvais rêves. The Alphabet est un petit cauchemar sur la peur liée à l'acquisition du savoir. [3]

De la confrontation de ces deux extraits de textes, nous pouvons tirer une chose qui les mette en rapport : c'est cette idée de violence exercée sur l'enfant. C'est déjà une chose, mais le lien est très arbitraire si nous ne tenons pas compte d'une remarque fort intéressante de Michel Chion lorsqu'il décrit une scène du film : "Un joyeux arbitraire créateur semble régner dans l'apparition des lettres". [4]

Nous retrouvons ainsi la seconde partie de la réplique de Stirner : l'arbitraire créateur, qui est celui du vouloir. Lynch oppose ainsi deux logiques, dont l'une pénètre l'autre, désorganise l'autre non sans une certaine difficulté. C'est l'alphabet, cette suite ordonnée arbitrairement par une certaine Tradition, mise en désordre par le principe anarchiste de la création spontanée. Deux arbitraires s'opposent : l'arbitraire nécessaire - nous dit Lynch - de l'apprentissage des lettres et l'arbitraire libre de l'artiste qui doit former une matière à disposition. Ce qui était rigide, comme l'alphabet, s'effondre... non sans résistance : le corps souffre de la naissance de ces lettres, du fluide on passe au visqueux. Il ne s'agit pas d'un feu d'artifices qui détruirait joyeusement le signe en éparpillant les composantes, mais d'un flux d'images rendu visqueux sous le poids d'une nécessité arbitraire. Ici, nous voyons apparaître une nouvelle manière de contrecarrer le nihilisme, non plus de manière générale, comme explicité dans le chapitre précédent, par absorption de l'absurde dans l'acceptation pro-active du paradoxe, mais dans l'affirmation de soi proposée par l'insolence : l'insolence primordiale du langage (qui s'appuie sur une nécessité relative qu'elle érige alors en nécessité absolue) est insolemment dénoncée par l'arbitraire anarchique du cinéaste. Avec The Alphabet, nous assistons au mouvement de l'insolence, j'entends par là une lutte engagée et qui ne trouve pas encore de résolution. Ce qui est l'essence même de l'insolence et de la liberté qui en est la condition : ne se reposer pas sur ses lauriers, mais combattre en permanence ; la victoire importe peu, la liberté une fois définie de manière non-bourgeoise [5] comme processus d'affirmation de soi par opposition à ce qui n'est pas soi.

L'intérêt de The Alphabet, dans son rapport à Stirner, est de définir cinématographiquement la liberté comme mouvement dont le moteur est l'insolence, là où le philosophe anarchiste se contentait, platement, d'un concept donné intuitivement, c'est-à-dire figé. Kant voit la liberté comme arrachement à la causalité naturelle et Fichte comme résultante de deux forces dont l'une contraint l'autre. [6] Sartre dit qu'on est n'est libre que s'il y a une force contre laquelle s'insurger, sans quoi cette liberté serait médiocre liberté d'indifférence.

Dans ce sens, nous pourrons dire que "The Alphabet" soutient la thèse schizo-analytique de Deleuze et Guattari : "Il n'y a que des résistances, et puis des machines, des machines désirantes". [7] L'ordre alphabétique comme résistance que détruit, car telle est la tâche de la schizo-analyse [8], le désir arbitraire de l'insolent. Nous avions déjà vu, précédemment, que Eraserhead se faisait présentation du monde absurde en jetant le spectateur en icelui. De même The Alphabet est, non pas une représentation de la liberté mais un acte de liberté. Lynch ignore le sens de représentation au profit d'un mouvement productif qui défait les liens (l'ordre alphabétique) et construit dans un joyeux arbitraire créateur. L'alphabet trouve une percée anarchique dans le mouvement libre de l'artiste rêveur destructeur : c'est un flux parcourant une zone avec son ordre et ses limites. The Alphabet est un cauchemar, sans doute, mais un rêve avant tout, et bien avant tout cela, encore, l'expression de l'inconscient, d'un inconscient productif et destructif : court-métrage de cinq minutes, The Alphabet ne vaut pas pour une histoire, avec son début et sa fin. Ce qui importe à Lynch, ce serait plutôt le processus libre ; ainsi le film est-il encore une fois schizo-analytique : "Accomplire le processus, non pas l'arrêter, non pas le faire tourner à vide, non pas lui donner un but". [9]




[1] Le très beau documentaire de Gorin, Poto et Cabengo, réussit mieux et plus intelligemment que The Alphabet dans sa critique comme déconstruction du langage.
[2] Max Stirner, "Le faux principe de notre éducation", in L'Unique et sa Propriété et autres écrits, op. cit., p. 39
[3] Chris Rodley, David Lynch, op. cit. p. 31
[4] Michel Chion, David Lynch, Paris, Cahiers du Cinéma (coll. Auteurs), 1992, p. 22
[5] Le bourgeois, c'est l'homme libre de la liberté mesquine, de la liberté d'indifférence : c'est celui qui a une chaise pour s'asseoir, l'homme qui se contente d'une situation. Cf. Victor Hugo, Les Misérables, T. II, op. cit., 1995, p. 132
[6] Kant, par exemple, dit de la liberté qu'elle est le "pouvoir de commencer de soi-même une série d'événements, de telle sorte qu'en elle-même rien ne commence..." dans Critique..., op. cit. p. 489. Elle est un commencement absolu, la capacité de s'arracher à la causalité naturelle.
[7] Gilles Deleuze et Félix Guattari, op. cit. p. 375
[8] "Détruire, détruire : la tâche de la schizo-analyse passe par la destruction, tout un nettoyage, tout un curetage de l'inconscient." Ibid. p. 371 Deleuze et Guattari reprochent à Freud et toute la psychanalyse d'avoir, tout en ayant découvert le primat du désir, fait de l'inconscient une plaque sensible, donc passive, de le faire retomber dans la logique de la représentation, au lieu d'y voir un moteur d'action, entraînant la production : "... la schizo-analyse doit se livrer de toutes ses forces aux destructions nécessaires. Détruire croyances et représentations, scènes de théâtres", ibid. p. 374.
[9] Ibid. p. 458

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# Posté le jeudi 22 novembre 2007 14:23

Modifié le jeudi 22 novembre 2007 20:20

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22 novembre 2007

Lynch

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Absurdité du langage et langage de l'absurde (2/4)

II

Comme je l'ai dit précédemment, la seconde critique avait déjà été envisagée par David Lynch dès son premier film : The Alphabet. Mais elle nous semble de loin bien moins intéressante en ce qu'elle se contente de critiquer le langage dans le sens négatif d'une simple destruction. Dans Twin Peaks - Fire Walk With Me, nous assistions à une déconstruction du langage, par une étude des fonctions des codes (et surtout du surcode : l'argot FBI), de la quantité d'information apportée par le message et de la communication par personne interposée, avec ses échecs, ses bruits et l'inutilité même de cette dernière. Avec The Alphabet, nous ne retenons qu'un acte cinématographique critique : on y dénonce l'abritraire du langage mais surtout : la tyrannie qui en découle. L'originalité de Lynch ne vient donc pas à proprement parler de sa dénonciation de l'arbitraire du langage mais surtout, comme nous allons le voir plus bas, de sa définition actuelle de la liberté. [1]

Feuerbach et Ionesco (et bien d'autres à la suite du premier, d'ailleurs) nous disent que le mot n'est pas la chose ; c'est le constat de Lynch dans Twin Peaks. Lynch va plus loin que ce simple constat, nous l'avons vu. Le premier Lynch, celui de The Alphabet, ne dépasse pas Stirner, il répète (tombant lui-même dans cette redondance qu'il pointe du doigt dans Twin Peaks) :

Non plus qu'en d'autres sphères, on ne laisse en pédagogie la liberté percer : on exige la soumission. On ne recherche qu'un dressage aux formes et palpable, et de la ménagerie des humanistes ne ressortent que des lettres, de celles des réalistes que des "citoyens bons à quelque chose" ; les uns et les autres ne sont pourtant que des êtres assujettis. Notre bon fond d'indiscipline est étouffé avec violence et, avec lui, le développement du savoir vers le libre vouloir. [2]

Chris Rodley : - On sent clairement dans le film (The Alphabet) qu'apprendre est une expérience très déplaisante.
David Lynch : - C'est une menace, c'est une chose qu'on vous impose. C'est nécessaire, mais ce n'est pas agréable. J'ai été frappé par le fait qu'apprendre, au lieu d'être un processus heureux, se résume le plus souvent à un cauchemar, ça donne des rêves aux gens - de mauvais rêves. The Alphabet est un petit cauchemar sur la peur liée à l'acquisition du savoir. [3]

De la confrontation de ces deux extraits de textes, nous pouvons tirer une chose qui les mette en rapport : c'est cette idée de violence exercée sur l'enfant. C'est déjà une chose, mais le lien est très arbitraire si nous ne tenons pas compte d'une remarque fort intéressante de Michel Chion lorsqu'il décrit une scène du film : "Un joyeux arbitraire créateur semble régner dans l'apparition des lettres". [4]

Nous retrouvons ainsi la seconde partie de la réplique de Stirner : l'arbitraire créateur, qui est celui du vouloir. Lynch oppose ainsi deux logiques, dont l'une pénètre l'autre, désorganise l'autre non sans une certaine difficulté. C'est l'alphabet, cette suite ordonnée arbitrairement par une certaine Tradition, mise en désordre par le principe anarchiste de la création spontanée. Deux arbitraires s'opposent : l'arbitraire nécessaire - nous dit Lynch - de l'apprentissage des lettres et l'arbitraire libre de l'artiste qui doit former une matière à disposition. Ce qui était rigide, comme l'alphabet, s'effondre... non sans résistance : le corps souffre de la naissance de ces lettres, du fluide on passe au visqueux. Il ne s'agit pas d'un feu d'artifices qui détruirait joyeusement le signe en éparpillant les composantes, mais d'un flux d'images rendu visqueux sous le poids d'une nécessité arbitraire. Ici, nous voyons apparaître une nouvelle manière de contrecarrer le nihilisme, non plus de manière générale, comme explicité dans le chapitre précédent, par absorption de l'absurde dans l'acceptation pro-active du paradoxe, mais dans l'affirmation de soi proposée par l'insolence : l'insolence primordiale du langage (qui s'appuie sur une nécessité relative qu'elle érige alors en nécessité absolue) est insolemment dénoncée par l'arbitraire anarchique du cinéaste. Avec The Alphabet, nous assistons au mouvement de l'insolence, j'entends par là une lutte engagée et qui ne trouve pas encore de résolution. Ce qui est l'essence même de l'insolence et de la liberté qui en est la condition : ne se reposer pas sur ses lauriers, mais combattre en permanence ; la victoire importe peu, la liberté une fois définie de manière non-bourgeoise [5] comme processus d'affirmation de soi par opposition à ce qui n'est pas soi.

L'intérêt de The Alphabet, dans son rapport à Stirner, est de définir cinématographiquement la liberté comme mouvement dont le moteur est l'insolence, là où le philosophe anarchiste se contentait, platement, d'un concept donné intuitivement, c'est-à-dire figé. Kant voit la liberté comme arrachement à la causalité naturelle et Fichte comme résultante de deux forces dont l'une contraint l'autre. [6] Sartre dit qu'on est n'est libre que s'il y a une force contre laquelle s'insurger, sans quoi cette liberté serait médiocre liberté d'indifférence.

Dans ce sens, nous pourrons dire que "The Alphabet" soutient la thèse schizo-analytique de Deleuze et Guattari : "Il n'y a que des résistances, et puis des machines, des machines désirantes". [7] L'ordre alphabétique comme résistance que détruit, car telle est la tâche de la schizo-analyse [8], le désir arbitraire de l'insolent. Nous avions déjà vu, précédemment, que Eraserhead se faisait présentation du monde absurde en jetant le spectateur en icelui. De même The Alphabet est, non pas une représentation de la liberté mais un acte de liberté. Lynch ignore le sens de représentation au profit d'un mouvement productif qui défait les liens (l'ordre alphabétique) et construit dans un joyeux arbitraire créateur. L'alphabet trouve une percée anarchique dans le mouvement libre de l'artiste rêveur destructeur : c'est un flux parcourant une zone avec son ordre et ses limites. The Alphabet est un cauchemar, sans doute, mais un rêve avant tout, et bien avant tout cela, encore, l'expression de l'inconscient, d'un inconscient productif et destructif : court-métrage de cinq minutes, The Alphabet ne vaut pas pour une histoire, avec son début et sa fin. Ce qui importe à Lynch, ce serait plutôt le processus libre ; ainsi le film est-il encore une fois schizo-analytique : "Accomplire le processus, non pas l'arrêter, non pas le faire tourner à vide, non pas lui donner un but". [9]




[1] Le très beau documentaire de Gorin, Poto et Cabengo, réussit mieux et plus intelligemment que The Alphabet dans sa critique comme déconstruction du langage.
[2] Max Stirner, "Le faux principe de notre éducation", in L'Unique et sa Propriété et autres écrits, op. cit., p. 39
[3] Chris Rodley, David Lynch, op. cit. p. 31
[4] Michel Chion, David Lynch, Paris, Cahiers du Cinéma (coll. Auteurs), 1992, p. 22
[5] Le bourgeois, c'est l'homme libre de la liberté mesquine, de la liberté d'indifférence : c'est celui qui a une chaise pour s'asseoir, l'homme qui se contente d'une situation. Cf. Victor Hugo, Les Misérables, T. II, op. cit., 1995, p. 132
[6] Kant, par exemple, dit de la liberté qu'elle est le "pouvoir de commencer de soi-même une série d'événements, de telle sorte qu'en elle-même rien ne commence..." dans Critique..., op. cit. p. 489. Elle est un commencement absolu, la capacité de s'arracher à la causalité naturelle.
[7] Gilles Deleuze et Félix Guattari, op. cit. p. 375
[8] "Détruire, détruire : la tâche de la schizo-analyse passe par la destruction, tout un nettoyage, tout un curetage de l'inconscient." Ibid. p. 371 Deleuze et Guattari reprochent à Freud et toute la psychanalyse d'avoir, tout en ayant découvert le primat du désir, fait de l'inconscient une plaque sensible, donc passive, de le faire retomber dans la logique de la représentation, au lieu d'y voir un moteur d'action, entraînant la production : "... la schizo-analyse doit se livrer de toutes ses forces aux destructions nécessaires. Détruire croyances et représentations, scènes de théâtres", ibid. p. 374.
[9] Ibid. p. 458

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# Posté le jeudi 22 novembre 2007 14:23

Modifié le jeudi 22 novembre 2007 15:18

Absurdité du langage et langage de l'absurde (1/4)

I

Je vais envisager dans ce chapitres trois points de vue critiques du langage proposés par Lynch.
Lynch remarque trois choses à propos de la langue : d'une part, elle est absurde (critique ironique dont nous avons un très bel exemple dans le film Twin Peaks - Fire Walk With Me) ; deuxièmement, que le langage est un moyen d'éduquer la jeunesse dans le sens d'une corruption de l'imagination (chronologiquement, c'est la première critique, politique, que fait le réalisateur) ; et troisièmement, qu'il y a opposition practico-métaphysique entre la parole et la langue (les mots ne sont pas la parole), rejoignant par là, explicitement, Feuerbach et, implicitement, Max Stirner. Ainsi Lynch va-t-il opposer la parole, marque de l'unicité du sujet, à la langue trop entachée de généralité, impersonnelle et superficielle.

Le langage est absurde, parce qu'il garde en lui une déchirure. Les mots, en effet, ont une puissance absurde de décalage au sein de la réalité. Ainsi l'arbitraire est-il le seul lien, relativement nécessaire, qui puisse unir un mot, un signifiant à la chose que ce dernier désigne. Le langage est à la fois nécessaire et arbitraire, donc non-nécessaire : il est fondamentalement nécessaire et formellement arbitraire. Le décalage se manifeste avant tout dans la nécessité sociale du langage et dans son arbitraire métaphysique : il n'y a pas de raison pour que le mot "table" renvoie à la chose "table" - en italie, on dit "tavola", en néerlandais "tafel" etc. Et l'absurde est d'autant plus grand qu'une même orthographe appelle arbitrairement deux prononciations différentes : le mot "table" français n'est pas phonétiquement le mot "table" anglais. Etc. Il y a pourtant une nécessité sociale, vitale à ce que tous les membres d'une communauté désignent une même chose par un même nom. Néanmoins, cette nécessité est relative : Victor Hugo, déjà, bien avant les linguistes, se livrait dans Les Misérables à une petite étude linguistique de l'argot et constatait que chaque domaine, chaque métier possédait sa langue propre : ainsi pouvait-il, avec beaucoup plus de talent et d'intelligence qu'un protohistorien de notre communauté, ironiser sur l'argot philosophique en donnant l'exemple de triplicité phénoménale qui ne trouvait d'équivalent dans aucun autre domaine scientifique ou professionnel. [1] Montrant qu'au sein d'un même idiome l'unité peut être brisée. Ainsi peut-on se distinguer linguistiquement aussi bien pour le prestige que pour échapper à la vigilance de la police. Les argots sont des moyens d'insurrection.

Il n'en reste pas moins vrai que l'homme est soumis à sa langue : comme le dit Feuerbach, le langage est un instrument qui permet de représenter l'unité de l'espèce ; il met en rapport le Je et le Tu, rendant impossible un total isolement individuel. [2] Les mots mentent [3], sûrement... mais il est beaucoup plus facile de renverser le roi que le langage. Bien plus simple de couper la tête aux tyrans que de retrancher les "s" en faveur de l'accent circonflexe. Une révolution des codes linguistiques a été opérée après une révolution politique (1789) : mais Thermidor est vite redevenu juillet ou août, et malgré certains hauts et bas, la France est toujours une république. La révolution manque du côté linguistique, parce que la langue est essentiellement évolutive [4] ; elle réussit du côté politique, avec la violence des saccades qui la caractérise. [5]

Lynch se préoccupe beaucoup de ces questions-là... notamment dès les premières minutes de Twin Peaks - Fire Walk With Me. Lynch y traite de la redondance, de l'inutilité même du code et de l'argot et, enfin, du symbolisme sans référence. Tout d'abord, décoder c'est répéter (donc redondant) ; ensuite, coder l'information selon un argot secret est inutile (car ce que l'on sait, on le sait instinctivement) ; et finalement, les mots de toute manière ne renvoient à rien de précis (il est absurde de créer des formes lorsqu'on n'a pas de matière à former). On pourrait résumer la séquence que je vais analyser par ce constat de Wittgenstein : "le non-sens est le résultat d'une enquête sur le sens". [6]

La séquence qui établir ce constat se situe au début du film. L'agent du FBI, Chester Desmond (interprété par Chris Isaak) est convoqué par son supérieur, Gordon Cole (David Lynch, en personne). Gordon présente à Chester le médecin légiste, Sam Stanley (Kiefer Sutherland) avant aux deux agents un message codé, absurdement codé. Je représente fidèlement le message et son décodage :

Gordon Cole : - Elle s'appelle Lil (Lil accourt, marche sur place, tourne en rond, serre le poing gauche, cache la main droite dans sa poche, cligne des yeux et tire une mine renfrognée). Vous connaissez la soeur de ma mère : c'est sa fille. (Gordon lève la main au-dessus de sa tête mais devant son visage, écarte les doigts)

Plus tard, Sam Stanley et Chester Desmond roulent vers une ville de l'état de Washington, Deer Meadow, où une jeune femme vient d'être assassinée et sur la mort de laquelle ils sont chargés d'enquêter.

Stanley : - Dis, cette fille, c'était quelque chose. Qu'est-ce que tu y as compris ?
Desmond : - Tu as remarqué son air dégoûté ?
Stanely : - Qu'est-ce que ça veut dire ?
Desmond : - Ca veut dire qu'elle avait l'air dégoûté... (perplexité de Stanley) On va avoir des problèmes avec la flicaille du coin. Elle n'est pas très coopérative avec le FBI. Le clin d'oeil veut dire que ce sont des gradés. Autrement dit, le shérif et son adjoint. Tu as vu qu'elle avait une main dans la poche ? Ca veut dire qu'ils cachent quelque chose. Elle avait le poing fermé pour symboliser leur hostilité. Elle marchait sur place, ça veut dire qu'on va beaucoup cavaler. Gordon a dit que sa mère avait une soeur dont c'était la fille. Qu'est-ce qu'il manque dans cette phrase ? L'oncle. Pas l'oncle de Gordon, mais celui du Shérif qui est dans une prison fédérale. Il faut que je te pose une question : est-ce que tu as remarqué un détail ?
Stanley : - Sa robe avait été retouchée avec un fil de couleur... (...)
Desmond : - La retouche, c'est un code pour la drogue. Tu as vu ce qui était épinglé dessus ?
Stanley : - Oui, bizarre... une rose bleue.
Desmond : - Tout juste. Mais je ne peux pas t'expliquer ça.
Stanley : - Ah non ?
Desmond : - Non... t'attendras.

Je vais analyser maintenant ce dialogue selon les trois points de vue évoqués plus haut. La redondance peut être envisagée de deux manières : la redondance créée par le code secret ; la redondance dans le message de décodage. Le premier message décodé n'appellerait pas de nouveau lexique : la fille tire un air dégoûté parce qu'elle est dégoûtée. Tout au plus nous dit-on les causes de ce dégoût : les problèmes que l'on rencontrera avec la flicaille du coin. Il s'agit donc d'un code sans code : nous n'avons pas besoin du recours à l'argot pour exprimer cette idée. Cela aurait pu être dit avec des mots. La seconde redondance vient d'un échec ou refus de la communication : au cours du décodage, Desmond va poser à Stanley une série de questions sans lui laisser le temps de répondre (ex. Qu'est-ce qu'il manque dans cette phrase ? L'oncle.) Quand il voudra établir un véritable contact, Desmond devra user de redondance : la forme de la phrase renverra bien à une question ("Est-ce que tu as remarqué un détail ?") qu'il devra faire précéder d'une phrase annonçant la question ("Il faut que je te pose une question"). Une autre redondance dans le message codé apparaît dans l'air dégoûté que double, inutilement, le poing fermé, symbole de l'hostilité.

Second point. Le codage lui-même dévoile toute son inutilité. Dans la suite du film, nous serons pris dans un certain contexte. Le message codé n'a pratiquement qu'une seule fonction : celle d'introduire les deux agents dans le contexte dans lequel ils vont devoir travailler. Rien ne peut faire avancer l'enquête dans cette suite de pantominies. Les enquêteurs savent juste ce à quoi il faut s'attendre : le shérif et son adjoint sont hostiles au FBI... encore nous donne-t-on les raisons de cette non-coopération : l'oncle du shérif est dans une prison fédérale. Information complètement extérieure au but de l'investigation. Rien dans ce message ne peut les renseigner sur la mort proprement dite de la jeune femme (Teresa Banks). Deux points peuvent pourtant aider Stanley et Desmond : la rose bleue et la retouche. La retouche permet de dire qu'une sombre histoire de drogue se cache derrière ce dramatique événement. En même temps, coder cette information était parfaitement inutile, pour deux raisons : d'abord, parce que le meurtre n'aurait aucun rapport avec la drogue ; et ensuite, parce que la drogue n'est pas spécialement un élément secret, caché : effectivement, Desmond et Stanley s'arrêtent dans le café de Deer Meadow où Teresa Banks travaillait, et posent quelques questions à la patronne de la victime. Au cours de cet interrogatoire improvisé, la patronne ne cessera de répéter que Térésa se droguait, que la cocaïne devait sans doute avoir un lien avec le meurtre.... Même si cette toxicomanie avérée n'a rien à voir avec le meurtre proprement dit, on constate qu'une barmaid, pas spécialement très maligne, a su immédiatement que son employée n'était pas clean du côté nasal. Elle n'a pas eu recours à un code, la retouche, pour dire ce qu'elle savait instinctivement. La retouche était donc un code à la fois impertinent (puisque la drogue n'est qu'un élément annexe sans rapport avec le meurtre) et dont le degré d'information est proche de zéro.

Redondant ou inutile, le code va en outre laisser transparaître toute sa vacuité lorsqu'il s'agira de décoder deux autres signaux. Jusqu'alors, le code a été inutile car il se faisait passer pour code alors qu'il livrait une information de premier degré ou bien parce que l'information fournie n'a aucun but pratique par rapport à l'enquête, parce qu'elle est inadéquate. On connaît le contexte, sans doute ; on sait ce que personne n'ignore. [7] Mais aussi, l'information est vide parce que fausse, d'une part ; et sans référent, d'autre part. Il était prédit - et c'est la seule véritable prédiction du message - que Chester et Desmond cavaleraient. Que faut-il entendre par "cavaler" ? Courir ? Pourtant, la premier partie de Twin Peaks est plutôt statique. Quant aux problèmes d'hostilité avec les autorités de Deer Meadow, elles sont bien vite réglées par la fermeté de caractère de Chester Desmond. Imaginons, pour nous servir d'une analogie, de ce dialogue entre Desmond et le Shérif :
Desmond : - Je vous dis que si !
Le shérif : - Et moi, je vous dis que non !
Desmond : - Et moi, je vous dis que si !
Le shérif : - Bon, vous avez raison... [8]
L'hostilité du shérif est faible. Il n'y a pas vraiment de "cavale", tant métaphorique que littérale. La prédiction était donc fausse. L'autre vide est beaucoup plus comique et explicite. C'est l'histoire de la Rose Bleue qui n'est pas, comme semble le croire Michel Chions le nom de l'affaire, mais une certaine catégorie d'affaires. Desmond ne peut pas expliquer à Stanley ce que signifie la rose bleue... et ce dernier ne le saura jamais puisque Desmond disparaît sans avoir pu, comme il l'avait promis, révélé le sens de ce code. Et le spectateur reste finalement sur sa faim.... Et pourtant, il s'agit d'un signal... donc, ici, d'un signe sans référent [9], à l'image de l'échec de la communication que prévoyait tout ce long décodage, où le codage ne forme pas un triangle comme dans le décodage de tout argot : un air dégoûté est un air dégoûté. C'est le fin donc de l'histoire ! La triade (l'émetteur - Gordon Cole ; le décodeur - Chester Desmond ; le destinataire - Sam Stanley) peut se résorber en une dyade : Gordon et Sam se comprennent depuis le début de la communication. Chester, qui apparaît comme une sorte de bruit du canal, peut donc disparaître. Et ainsi est actualisée en image la formule de Deleuze et Guattari :

"Si décoder veut sans doute dire comprendre un code et le traduire, c'est plus encore le détruire en tant que code, lui assigner une fonction archaïque, folklorique ou résiduelle..." [10]



[1] Victor Hugo, Les Misérables, T. II, Paris, Folio Classique, 1995, p. 315
[2] Ludwig Feuerbach, Manifestes Philosophiques, op. cit. p. 22
[3] Eugène Ionesco, Le Solitaire, Paris, Folio, 1976, p. 120 : "Pourtant les mots mentaient..."
[4] Il n'est d'ailleurs pas étonnant que Deleuze et Guattari l'appellent le Grand Despote dans les deux tomes de Capitalisme et Schizophrénie.
[5] Cf. également sur ce point, Clément Rosset, Le Réel. Traité de l'Idiotie, Paris, Minuit, 1977, pp. 81-106.
[6] Michel Meyer, De la problématologie, Paris, Le Livre de Poche (biblio-essais), 1994, p. 68
[7] Et ainsi pourrions-nous étudier cette critique à la lumière d'une remarque de Feuerbach sur les conditions de possibilité de toute communication : "Pour écrire, pour bien et sérieusement écrire, je dois mettre en doute qu'autrui sache ce que je sais, du moins le sache comme je le sais. Ce n'est que pour cela que je communique ma pensée". Ludwig Feuerbach, Manifestes Philosophiques, op. cit. p. 23. Ainsi que Michel Meyer, op. cit., p. 254
[8] Ce dialogue n'existe pas dans le film. C'est un exemple qui explique un peu la situation où se trouvent les deux agents du FBI. Des forces s'opposent, mais l'une est beaucoup plus forte que l'autre. Et le problème est résolu. Un peu comme si un protohistorien venait mettre en doute, avec ses arguments fallacieux et facilement repérables en tant qu'arguments fallacieux, les théories de l'évolution. Il ne réussirait à ne prouver rien du tout.
[9] S'agit-il d'un refus poétique du référent, qui donnerait l'avantage au référent mais au signe lui-même dans la mesure où le mot est expression musicale. Non pas le signe pour le signe, alors, mais le signe en tant qu'il est prononcé et organise de la sorte la parole. Cf. Souche-Dagues, op. cit., pp.183-184 et suiv.
[10] Gilles Deleuze et Félix Guattari, Capitalisme et Schizophrénie. L'Anti-Oedipe, Paris, Minuit, 1972, p. 291.

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# Posté le dimanche 18 novembre 2007 14:42

Modifié le mercredi 21 novembre 2007 15:42

L'absurde rapporté à l'oeuvre de David Lynch (généralités) (2/2)

Pete Dayton a repris son boulot de mécanicien dans un garage ; un homme fort louche, nommé M. Eddy, accompagnés de ses deux gorilles, vient demander l'aide de Pete qui, apparemment, craint cet homme. Cette séquence doit évidemment être lue dans la tradition du film de gangsters (Scorcese, par exemple). Un malaise de suspense est créé pour donner à entendre que quelque chose va se passer. L'attente sera déçue : la voiture de M. Eddy avait effectivement un problème mécanique. Lorsqu'il lui demande de l'accompagner, le malaise se poursuit, malaise d'ailleurs partagé par Pete. La proposition était pourtant véritablement innocente, la crainte de Pete tout aussi impertinente que les airs mystérieux de M. Eddy. Nous constatons donc un premier décalage dans la déception d'une attente : il devrait se passer quelque chose, et pourtant rien ne se passe. Ou du moins, ce qui se déroule est totalement étranger aux attentes et à la situation de départ. Car s'il n'y a pas de violence exercée sur Pete Dayton, qu'une atmosphère musical de menace laisse entendre, cette violence va trouver à exploser absurdement sur un personnage totalement étranger à l'action principale. Cette violence et ce suspense n'épaississent absolument pas les ficelles du récit principal, mais déclenche une série d'actions secondaires. Il y a donc un double décalage, le premier se situe dans le lien sensori-moteur : une cause apparente n'entraîne pas d'effets ; et un effet sera totalement en décalage par rapport à sa cause. Quelle est cette cause ? Alors qu'au cours de cette même séquence, Pete et M. Eddy se baladent en voiture, un chauffard surgit à toute vitesse, presque de nulle part, comme la manifestation d'une menace. On s'attend à ce que Pete se voit embarquer dans une course-poursuite dont la cible serait M. Eddy. M. Eddy laisse passer le chauffard, puis se met à le poursuivre pour, finalement, l'immobiliser sur une aire de stationnement. Ici, nous allons assister à une véritable leçon de morale (M. Eddy fait promettre au chauffard de relire son code de la route après lui avoir expliqué les conséquences de sa conduite) donnée de manière immorale... à coups de crosse de revolver. D'autant plus immorale qu'après la promesse du chauffard de mieux se comporter sur la route à l'avenir, M. Eddy met un terme à la discussion en l'assenant d'un dernier coup de crosse. Cette séquence semble préfigurer, comme une image fractale, la structure globale du film : c'est par une série de détours qui déçoivent une série d'attentes que l'on en arrive à ce que l'on voulait arriver...

La première séquence de Wild at Heart (Sailor & Lula) éclaire également ce décalage entre la cause et son effet totalement imprévu par son exagération. Ici, la scène révèle un absurde non pas burlesque, comme c'était le cas dans l'exemple précédent, mais un absurde plus dramatique que tragique. L'absurde entre dans un schéma deleuzien de tupe A - S - A' (Action - Situation - Action conséquente), et non A - S - A'' comme, selon le philosophe, ce serait le cas dans tout film burlesque traditionnel. Mais dans Wild at Heart, A' ne déçoit pas l'attente... au contraire, l'action l'exacerbe dans son impitoyable logique historique. Sailor ne se contentera pas seulement de désarmer Bob Ray, mais explosera d'une telle fureur qu'il massacrera, de ses seules mains, l'agresseur pourtant rendu rapidement impuissant. Bien qu'éclairé sur certaines thématiques lynchéennes, Chion n'aura pas aperçu la logique de l'incrustation de cette violence, jugée raisonnablement gratuite sous le point de vue de l'histoire mais payant dans la thématique narrative du décalage.

Analysons maintenant la séquence finale du même film, que marquent deux décalages, l'un purement filmique (et qui doit être mis en rapport avec le romantisme de l'auteur) et l'autre plutôt extra-filmique (la touche surréaliste de l'oeuvre). Ce dernier cas permet de mettre en avant l'attitude sinon burlesque au moins absurde du réalisateur. Au cours de l'interview mené par Chris Rodley, celui-ci parle des divergences substantielles entre le roman de Gifford et le film qui en est issu, et pointe tout particulièrement la happy end du long métrage par opposition au ton triste sur lequel s'achève le roman. Lorsque Rodley lui demande une explication, Lynch répond, selon une logique qui tient du surréalisme, que faire apparaître une bonne fée est de loin plus vraisemblable que la séparation du couple [1]. Paradoxe si l'on ne tient pas compte de la croyance surréaliste dans le mystère au sein même de la réalité. Ceci donne à penser que l'absurde lynchéen peut se résorber en une acceptation kierkegaardienne du paradoxe. [2] Le discours de Lynch, par ailleurs, peut-être envisagé sous le point de vue de l'ironie, qui consiste à dire tout le contraire de ce que l'on veut dire : "L'ironie, c'est l'imprévu et le paradoxe" [3]

Le second point, dont je parlais plus haut, tient au romantisme de Lynch, relevé par Michel Chion. La happy end est peut-être happy, elle n'en est pas moins grotesque. David Lynch lie, de manière ironique et romantique, le grotesque et le sublime de l'Amour. Si l'on en croit l'auteur lui-même, David Lynch ne se moque nullement de l'amour de Sailor et Lula et éprouve pour eux une authentique sympathie. C'est l'histoire de deux êtres géniaux qui vivent leur "amour dans l'enfer". [4]. Il ne s'agit donc pas de parodier les films sentimentaux, du type Bodyguard, mais de mêler romantiquement deux antithèses dans un Tout : il est touchant d'entendre Sailor faire sa demande en mariage à Lula sur un air de Presley.... mais un décalage absurde, à nouveau, est créé, d'abord par la vraisemblable invraisemblance de Lynch, et par la fusion discursive d'un chant in avec une musique qui, logiquement, est extra-diégétique.

Un autre décalage précède le dernier cité. Lorsque Sailor décide de quitter Lula, les protagonistes sont dans leur voiture, dans une rue complètement désertée, vide. Quand, par contre, Sailor revient sur sa décision, quelques minutes plus tard, Lula sera prise dans un embouteillage... ce qui permettra à Sailor d'arriver à temps pour faire sa demande en mariage. [5] Nous sommes en pleine situation absurde : en un espace de temps fort bref, les rues se remplissent, reprennent vie, nous sommes passés du vide au plein, de la raréfaction dans les plans à la saturation. Nous avons changé de monde - mais en même temps, Lynch reprend une tradition du film sentimental en la retournant complètement. En effet, dans la majorité des films sentimentaux, c'est le poursuivant qui est pris dans un embouteillage de manière à faire durer le suspense - c'est l'embouteillage qui risque de faire échouer la rencontre définitive et heureuse. Ici, par contre, Lynch renverse le monde sentimental en faisant de l'embouteillage le moyen pour le poursuivvant d'arriver à temps. Un traffic fluide aurait eu des conséquences dramatiques pour Sailor et Lula, alors qu'il faciliterait la réalisation de l'Amour dans un film mettant en tête d'affiche le nom de Meg Ryan, Julia Roberts ou Mélanie Griffith.

Le grotesque rejoint l'absurde dans la série Twin Peaks et tout particulièrement dans l'épisode 2 où l'agent Dale Cooper (Kyle Mc Lahan) fait un rêve qui lui donne la clef de l'énigme de la série. Qui a tué Laura Palmer ? C'est la victime elle-même qui révélera la vérité à Cooper, dans le monde onirique. Cooper se réveille, se saisit du téléphone et appelle le shérif pour lui dire qu'il est à même de désigner le criminel. Mais il refuse de dire par téléphone le nom de l'assassin, préférant faire patienter le shérif. Le lendemain, Dale Cooper rencontre le shérif et semble avoir oublié la conversation qu'il a eue hier avec lui. Lorsque le shérif lui demande qui a tué Laura Palmer, Cooper répond flegmatiquement qu'il a oublié. Le grotesque de la situation ici est apporté par la dénormalisation d'un effet poussé jusqu'à l'absurde de la normalité. Que l'on oublie un rêve n'est pas un phénomène rare... mais que l'on oublie un tel rêve est par contre fort étrange ! Ce n'est pas le type de rêve qui doit laisser une trace éphémère dans la mémoire. Le décalage est donné par l'application d'une norme naturelle sur un phénomène surnaturel. Lynch banalise ce qui est essentiellement spécial. J'évoquais plus haut Chateaubriand : le surnaturel est un accident qui heurte le naturel. La bonne oeuvre chrétienne, selon l'écrivain, est celle qui ne fait pas du merveilleux l'essence du déroulement narratif. Ici, l'accident est le naturel, une donnée accidentellement injectée dans une rêverie particulière qui échappe naturellement au naturel. Lynch prend le contre-pied de la tradition, en faisant de la norme l'exception qui heurte le paranormal.

Kierkegaard montre dans Les Miettes Philosophiques qu'on ne peut donner un discours raisonné portant sur Dieu sans tomber dans l'absurde. Le raisonnement sur Dieu verse inévitablement dans les apories. L'absurde n'est absurde que pour celui qui refuse de croire en l'invraisemblable ; avec Lyncj, seule la norme est absurde... et pour cause : Lynch, avec Twin Peaks - tant la série que le film - pousse la logique du merveilleux jusqu'au bout. C'est un lieu commun de dire que la norme est toujours relative à un système particulier de valeurs. C'est parce que Twin Peaks est un univers essentiellement merveilleux que les normes dans ce petit village s'opposent point par point aux normes du monde rationnel. Ains personne à Twin Peaks ne s'étonnera d'apprendre que les bûches de bois ont des conversations privilégiées avec certaines personnes de cet univers.

Je pourrais évidemment citer un grand nombre d'autres exemples de ces décalages absurdes... mais, je préfère ici m'en tenir à quelques séquences, dans la mesure où je poursuis des réflexions très générales sur l'absurde lynchée. Lynch ne rejoint pas réellement Ionesco par son cinéma de l'absurde. Il me semble bien plus proche de Nietzsche dans la mesure où il propos une méthode perspectiviste pour l'analyse de son oeuvre : il n'y a pas une vérité, mais plusieurs points de vue sur le monde et la vie. L'homme véridique cherche dans ce qu'il nomme vérité un moyen de discréditer le monde, en le jugeant selon une table des valeurs qui fait de la vie une apparence de vie par opposition à une vie qu'il juge supérieure (un monde où tous les noms se déclinent avec une majuscule). Lynch découvre non pas un monde absurde mais un monde opaque, chargé de sens... s'il fait de l'absurde, ce n'est pas, comme Ionesco, pour en désespérer mais - jusqu'à un certain point du moins - pour l'exalter dans ses équivocités.










[1] Chris Rodley, op. cit. pp. 151-152
[2] Quoi que Kierkegaard fonde le paradoxe sur l'invraisemblable. Il s'agit pour lui d'avoir la foi malgré ou grâce au paradoxe (en vertu même du paradoxe), refuser l'intelligence des choses pour accepter celle-là. Selon Kierkegaard, on dénonce inévitablement l'absurde en essayant de fonder le paradoxe en raison. (Cf. Les Miettes Philosophiques) Notons également la tournure païenne de l'au-delà lynchéen. Chateaubriand, dans le Génie du Christianisme (GF, Tome I) insistait sur le merveilleux qui apparaissait de manière occasionnelle, accidentelle dans les oeuvres chrétiennes par opposition au merveilleux essentiel des ouvrages profanes. Twin Peaks (et tout particulièrement la série) rend bien compte de cette opposition relevée par le père du romantisme. Néanmoins, le décalage et l'absurde qui en résulte, dans les autres films de Lynch, sont souvent engendrés par le caractère discursivement accidentel du merveilleux mais essentiellement posé dans l'appréhension du monde. Ainsi Lynch, aussi bien au travers de son oeuvre cinématographique que picturale, soutient-il la présence de deux univers différents au sein même de la réalité ; ou plutôt, de manière surréaliste, entend la réalité comme moyen d'accéder à une surréalité (Lynch ne le dit pas explicitement, mais il s'agit toujours bien chez lui de découvrir l'envers du décor, ou d'accéder à un autre monde - grâce au rêve, par exemple, dans Twin Peaks). En fin de compte, Lynch ne nous parle jamais que du même problème : celui de l'Unité - dialectique - recherchée ou refusée.
[3] Vladimir Jankélévitch, L'Ironie, op. cit. p. 77
[4] Chris Rodley, op. cit. p. 148
[5] J'aimerais d'ailleurs me référer à nouveau à Gilles Deleuze qui, dans Cinéma 2. L'Image-Temps (pp. 126-128) évoque l'image-cristal comme image d'un monde où l'on tourne en rond, duquel il faut sortir pour envisager l'avenir. Ce monde-cristal est celui où évoluent la plupart des personnages de Lynch : Sailor et Lula seront les premiers protagonistes lynchéens à s'échapper de ce monde-cristal. La référence à Visconti, via Deleuze, s'impose donc : le monde-cristal cristalise les situations dans les films de Visconti parce qu'il y a toujours un trop-tard qui empêche la liberté de réponses. Sailor et Lula sortent du monde-cristal parce que Sailor arrivera à temps.

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# Posté le mardi 13 novembre 2007 13:38

Modifié le vendredi 16 novembre 2007 12:23

je suis trop sympa

et fanfare comme dirait ma freddou d'amour

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# Posté le lundi 12 novembre 2007 13:18

L'absurde rapporté à l'oeuvre de David Lynch (généralités) (1/2)

L'absurde rapporté à l'oeuvre de David Lynch (généralités) (1/2)

Je me propose ici de replacer l'oeuvre de David Lynch dans une certaine tradition, théâtrale ou littéraire, de l'absurde pour en dégager, en deçà de modifications personnelles, quelques caractéristiques générales de narration. Je tenterai ainsi de répondre, simultanément, à ces deux questions complémentaires du comment et pourquoi. Plus tard, je m'attacherai à un point plus particulier de l'absurde dans son rapport à ce qu'on appelle généralement la crise du langage. Nous verrons alors ensemble comment Lynch s'en prend au langage en le livrant à la critique pour en dénoncer l'absurdité. Plus tard, encore, nous parlerons d'une autre particularité de l'absurde, en rapport avec un scandale, qui est celui de la mort. Nous analyserons ce point en mettant toute l'attention sur Lost Highway.

Il y a dans l'absurde un abîme entre deux univers (par exemple, celui des Mots et celui des Choses); prendre conscience de ce décalage, c'est déjà faire l'expérience de l'Absurde. S'en étonner, c'est déjà presque le résorber. Dans [i[Le Solitaire, Eugène Ionesco raconte l'histoire, d'abord enrichissante puis terrifiante de l'étonnement qui se manifeste lors d'un arrêt de la conscience sur les choses du monde. Ainsi, par un double mouvement allant, d'une part, du mot à la chose, d'autre part, de la chose à sa perception, Ionesco en vient-il à l'effacement de la moindre trace de signifiance, à la destruction du signifiant et du signifié. Ce n'est plus seulement le mot "armoire" par exemple qui se révèle vide de sens, c'est l'objet lui-même qui perd ses attributs. Le héros du roman fait l'expérience immédiate, directe, sensible de la chose sans plus pouvoir la conceptualiser ou subsumer sous les catégories de l'entendement. [1] Cet étonnement, dont Schopenhauer faisait le point de départ de toute philosophie et qui est celui de l'enfant, est actualisé à plusieurs niveaux dans l'oeuvre lynchéenne. Chez Lynch, c'est le spectateur qui s'étonne, et qui s'étonne même des étonnements des protagonistes. Lynch s'oppose à ce type de cinéma classique dont les seules surprises viennent des effets de rebondissement. [2] Chaque film de Lynch étonne, jette le spectateur dans un univers diégétique opaque, non encore théorisé. Pour Lynch, il n'y a pas un sens du film, mais un monde filmique avec pluralité de sens que l'auteur lui-même ne tente pas de déchiffrer. [3]

Il est important ici de distinguer scolairement deux genres de discours de l'absurde. Le discours sur l'absurde, que tenaient Sartre et Camus, par exemple; et le discours par l'absurde proprement dit. Dans le premier cas, la réflexion est guidée : un discours vient soutenir le propos absurde, mais ce discours n'est pas formellement absurde, il lui est extérieur. Il y a donc un rapport objectif avec ce dont on traite, un point de vue théorique qui sous-tend et guide l'ensemble. Le thâtre de l'absurde (Ionesco, Beckett, mais pas toujours) part de cette seule idée fondamentale qu le monde est absurde. Sur cette base, ou ce constat objectif, est une jetée une histoire chaotique dont on ne distingue pas toujours l'effet de la cause : le récit est comme une histoire non-discursive, un message sans code, la frappe directe de la réalité sur la pellicule cinématographique ou sur la page d'une oeuvre littéraire. Un peu comme la technique surréaliste d'écriture automatique : on laisse le monde s'imprimer sans lui appliquer la moindre grille de lecture, sans même lui donner forme. On ne voit pas l'absurde de l'extérieur, mais au contraire de l'intérieur, subjectivement et confusément. On y plonge comme Fabrice, par exemple, plonge dans la bataille de Waterloo, sans comprendre celle-ci, dans l'indétermination de l'immanence (Stendhal, La chartreuse de Parme).

Evidemment, dans l'absurde, tout se déroule dans un comme s' il n'y avait pas de sujet constituant, ou plutôt comme si la médiation avait été supprimée, là où elle n'a été qu'élidée, comme si la décision cinématographique ou littéraire (la décision entendue comme un appel de la volonté, immédiate peut-être, mais sûrement pas pure) n'avait pas été prise. Je ne suis pas sans savoir que le plus absurde des films de Lynch, Eraserhead, n'a pas pu se passer de scénario. Et même si, comme l'auteur semble le dire à de nombreuses reprises, l'inspiration (le non-réfléchi, le surgissement immédiat) est à la base de tous ses scripts [4], l'arbitraire de la médiation, le recours au langage reste nécessaire. [5]

Ce point éclairci, j'accepte de me lancer dans le comme si de l'absurde absolu. On pourrait ainsi classer les oeuvres absurdes selon deux catégories : l'absurde absolu, ou tendance atomique ; l'absurde relatif, ou tendance archéologique. Eraserhead, sous ce point de vue, appartient à la première tendance : tout y est désordonné, il n'y a pas de construction préalable du discours. Lynch ajoute des scènes, ses sons, en retranche, ceci après coup selon sa sensibilité. Il n'y a pas véritablement de rapports de causes à effets ou même d'effets à causes (comme cela sera le cas dans Twin Peaks - Fire Walk With Me). Les actions se déroulent dans l'obscurité, la plupart du temps, dans un monde opaque, où la significiance n'existe pas. Effectivement, nous sommes comme plongés dans la nuit de l'immédiat : nous pouvons à peine distinguer le jour de la nuit, la lumière des ténèbres, le Bien du Mal (qu'est-ce que la Femme du Radiateur ? Malgré son air angélique, elle écrase des cordons organiques avec un sadisme jouissif), l'intérieur de l'extérieur. [5] Hegel disait de la pensée de l'entendement qu'elle posait des limites, séparait les choses pour les nommer. Ici, nous sommes plutôt dans un monde à la Schelling, sans détermination, dans une pensée du pré-entendement. Je disais plus haut que le théâtre de l'absurde se voulait théâtre de l'impact de la réalité sur l'oeuvre : ainsi pourrions-nous dire qu'avec Ionesco nous avons affaire à un art de la présentation, du hic et nunc plutôt qu'à un théâtre en représentation. Nous faisons l'expérience immédiate suscitée par une condition spectatorielle précise : nous sommes nous-mêmes jetés dans le film, ne pouvons prendre de distance par rapport ) lui. Il s'agit de faire l'expérience authentique de l'absurde : ne pas saisir le monde, être en-deçà des significations. Pour reprendre la terminologie de Deleuze et Guattari, Eraserhead est, en tant que pellicule, comme un plan de consistance, un corps sans organes, une matière non formée, non organisée, non stratifiée, sur lequel courent des intensités pures. [7] La thèse de Bazin sur le néoréalisme, qui selon Deleuze requiert un dépassement du fait de son incomplétude, peut ici être reprise : "Au lieu de représenter un réel déjà déchiffré, le néoréalisme visait un réel à déchiffrer, toujours ambigu". [8] Lynch exacerbe cette tendance.

Lost Highway participe également de cette tendance atomique, mais de manière plus ambiguë. Nous avons deux histoires dont une au moins est compréhensible, ou, tout simplement, ne suscite pas trop d'étonnement : celle vécue par Pete Dayton (Balthazar Getty). Par contre, le lien qui unit les deux histoires n'est nullement évident. Si les films, allant d'Elephant Man à Twin Peaks sont facilement racontables, et ne requièrent pas, par-delà certains détails étranges, d'explications subtiles, Eraserhead et Lost Highway appellent automatiquement des discours philosophiques ou scientifiques pour être mis au clair. Dans le cas de Eraserhead, la pluralité des points de vue ne va pas sans une pluralité de sens narratifs ; avec Lost Highway, par contre, il semble que seule la pluralité des points de vue analytiques permet d'envisager l'oeuvre de manière originale : on s'y arrêtera pour la mettre en rapport avec la peinture de Bacon ; on y étudiera les signes ; ou plus platement (et c'est ce que je me propose de faire), on cherchera à savoir ce que raconte le film et comment s'élabore le discours.

Le monde se donne ici dans sa plénitude, dans une non-évidence. Il ne suffit pas d'enlever quelques détails (comme dans Wild At Heart) pour dégager une construction discursive logique. Ces films sont atomiques en ce sens qu'ils forment une unité indivisible, ou plutôt de laquelle on ne peut rien retrancher, sous peine de la réduire à rien. L'attitude du spectateur et de l'auteur y seront en quelque sorte empiriques : le décalage entre moi et le monde qui m'abasourdit, m'étonne, est donné dans sa non-évidence plénière, dans son obscure immédiateté. Je me sens encore étranger à ce monde, en décalage par rapport à ses mystères. Ce monde est chargé de sens : je n'ai pas encore acquis l'habitude de lier une cause et un effet. J'y évolue à l'aveuglette, empiriquement.

Nous pourrions maintenant opposer à cette tendance empirique, atomique, absolue de l'absurde, l'absurde relatif, archéologique de Blue Velvet, Twin Peaks et Wild at Heart. Le décalage apparaît ici théorique. C'est-à-dire que les rapports de causes à effets sont ou bien renversés (l'effet précède la cause) ou bien totalement arbitraires (une cause suscite un effet non attendu). Les liens qui unissent les choses ne sont pas inexistants. Une analogie tirée d'une mathématique fort basique pourrait éclairer cette distinction : dans le premier cas, l'absurde viendrait d'un lien entre unités de différentes natures dont pourrait résulter une solution qui ne soit pas la simple répétition des termes (par exemple : trois pommes plus trois ne peut donner de solution) ; dans le second cas, on peut imaginer qu'on lie des entités de même nature mais de manière absurde (par exemple, diviser l'infini par lui-même et conclure 1). Nous avons souvent de cas de ce genre dans le corpus cinématographique de Lynch. Lost Highway, dont j'ai noté l'ambiguïté plus haut (ambiguïté identique dans "Mulholland Drive" et "Inland Empire"), renferme une scène très étonnante, que l'on pourra juger humoristiquement gratuite ou très explicite quant au point de vue que l'on adopte. Cette scène est remarquable par le décalage qu'elle fait naître entre l'attente du spectateur et ce qui est effectivement actualisé. Le traitement de la séquence est à ce titre burlesque en ce que, pour reprendre la terminologie de Deleuze, elle crée une distance entre deux situations motivées par une actions ambiguë. [9] Je vais tenter de décrire cette séquence... (à suivre)



[1] Eugène Ionesco, Le Solitaire, Paris, Folio, 1976, pp. 119-122
[2] Chris Rodley, David Lynch, Paris, Cahiers du Cinéma, 1998, p. 173
[3] Ibid. pp. 46-48
[4] Ibid. pp. 169 et suivantes
[5] Eugène Ionesco, dans son Journal en Miettes, fait remarquer que tout discours est guidé ; il ne nie pas que lui-même guide son théâtre : il analyse par exemple La Cantatrice Chauve comme pièce qui décrirait une situation où tout conflit sera inexistant, où le langage serait sans ambiguïté, une situation qui est celle d'un monde parfait dont Nietzsche, dans La Volonté de Puissance, analysait les effets pervers, attaquant par la même occasion les utopies du socialisme. Un monde parfaitement ordonné est impossible ; et même s'il était possible, la vie n'y serait pas possible car excempte de surprise, sans devenir, sans goût. Ionesco s'en prend également et surtout à Bertolt Brecht qui prétendait ne pas être un guide pour le spectateur, celui-ci se prenant en main. Théoricien et practicien marxiste, Brecht reste évidemment un meneur... Le théâtre absurde n'échappe pas non plus à cette règle : c'est pourquoi je me permets d'insister sur le comme si du monde sans médiation. L'art reste un médium.
[6] Chris Rodley, op. cit. p. 44
[7] Gilles Deleuze et Félix Guattari, Mille Plateaux. Capitalisme et Schizophrénie, Paris, Minuit, 1980.
[8] Gilles Deleuze, paraphrasant André Bazin, dans Cinéma II. L'Image-Temps, Paris, Minuit, 1985, p. 7
[9] Gilles Deleuze, "L'image-action : la petite forme", in Cinéma I. L'Image-Mouvement, Paris, Minuit, 1983, pp. 231-242.


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# Posté le samedi 10 novembre 2007 16:41

Modifié le mardi 13 novembre 2007 13:39

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22 novembre 2007

OFF 2008

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11 octobre 2007

Parce que je le vaux bien !

14 septembre 2007

Théhuti

Skyrock.com

p9d Anthologie des Nykonneries

p9d, Posté le vendredi 14 septembre 2007 10:51

Oh ! Je suis choqué !


THEHUTI, Posté le vendredi 14 septembre 2007 10:31

Bravo Mike, tu as gagné, kriss, Isa, Kevin etc. arrêtent complètement en raison de tes grosses conneries !
T'es vraiment le champion du monde du trophé "GROS CONNARD" que tu as mis en place toi-même, ce qui prouve au moins ton intelligence supérieure ...

Enfin, j'ai malgré tout remarqué que tu avais les GROSSES BOULES lorsque quelqu'un te tenait tête !
Tu n'apprécies pas du tout que l'on ne veuille pas être ta PISSEUSE !
Je suis enchanté de ce dernier com que je te fais ici, p'tite pédale de crottin d'animal !


LePenseurduNord, Posté le vendredi 14 septembre 2007 09:12

PS: bah je susi pas mort ! au fait !youpi je ne susi pas mort vive moi !


LePenseurduNord, Posté le vendredi 14 septembre 2007 09:12

Kikou
encore des bleme internet ça me saoule !!
Sur la photo c'est Nyko dans une vie superieur non ?
T'as vu son blog de capture d'écran...je m'en lasse plus mouahhhhhhhhhhhh !


fredereck, Posté le vendredi 14 septembre 2007 07:18

bonjour mikounet cheri


sallynmartini, Posté le vendredi 14 septembre 2007 02:02

Je viens de refaire un tour sur le blog de nyktalope. J'ai toujours cru que j'étais complètement con car j'y comprenais rien. Mais la vérité s'est jetée sur mon visage tel un chamois en rute, c'est lui qui l'est. Nanère.


fredereck, Posté le jeudi 13 septembre 2007 23:46

oui mon coeur je voulais savoir pourquoi, bonne nuit a toi TFQVRDT


p9d, Posté le jeudi 13 septembre 2007 23:34

bon, à présent dodo... j'ai désactivé les comms à cause que Nyko il arrête pas de m'ennuyer... enfin, vous pouvez lâcher vos comms (5 chez moi = 0 chez vous), mais ils n'apparaîtront que 2 mains.
Bonne nuit à tous, à Miranda, François, Nykta, Freddou d'amour bien entendu, à Dimitri, et tout particulièrement à la bande DIK qui s'est agrandie de trois nouveaux membres.
Kisssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssmoutch


p9d, Posté le jeudi 13 septembre 2007 22:51

Tu veux réellement savoir pourquoi ?


fredereck, Posté le jeudi 13 septembre 2007 22:46

ah pour sur ca gache tout!!! et pourquoi ce truc sur le base ball,au fait, c'est pas le sport national belge pourtant?


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3 janvier 2007

Le Cas Théhuti (séries d'articles parues sur Skyblog)

Dans la mesure où la personne concernée est sans doute responsable de la censure d'un autre blog, intéressant (celui de Wanda), je préfère mettre ces textes sur une page canalblog.

A la demande de Mister T

S'il y a bien une chose qui nous rapproche, Mister T et moi, c'est bien l'athéisme. Mister T interprète les religions comme des puits de significations qui dépassent le sacré, les thèmes religieux comme des messages qui n'ont rien de divins mais seraient d'origine extra-terrestre. Moi, je me contente d'un bon vieil anthropocentrisme passif.

Mister T m'a demandé de méditer sur une phrase d'André Malraux. Tout d'abord, je ne connais Malraux que pour son mièvre et lourd récit intitulé "La condition humaine", que j'ai lu, eu du mal à digérer pour de toute manière le chier et l'oublier; et pour quelques-unes de ces fameuses et fumeuses citations pédantes, sans véritables sens (notamment: "Le XXIè sera spirituel ou ne sera pas").

Dans la même vague, André Malraux a écrit ceci: "Je pense que la tâche du prochain siècle, en face de la plus terrible menace qu'ait connu l'humanité, va être d'y réintégrer les dieux". Et sur cela que Théhuti voudrait que je médite.

En fait, il n'y a pas grand chose à dire de cette citation; elle indique la cause même de la religion: une certaine lâcheté face aux horreurs de l'humanité. Je préfère de loin le désespoir d'un Ivan Karamazov dans le roman de Dostoïevski, et les réflexions du disciple de ce dernier, à savoir le grand Albert... Camus, qui dans "La Peste" déclarait: "Comment continuer à croire en Dieu face à l'agonie d'un enfant". Ce désespoir me paraît plus logique, bien qu'il ne mène à rien, si ce n'est, s'il est poussé à fond, à un athéisme qui est une liberté d'esprit (Ivan Karamazov: "Si Dieu n'existe pas, alors tout est permis"). Et pourtant, Kierkegaard reste mon maître à penser: non pas parce qu'il voulait croire, mais pour la démarche qui caractérise ses élans spirituels.

Il est assez drôle de constater que les simples d'esprit, j'entends par là ceux à qui la Raison fait défaut, veulent absolument trouver des raisons à tout: pourquoi la bombe atomique? Il est plus facile de se dédouaner en prétendant que Dieu l'a voulu ainsi. Ne pas prendre ses responsabilités, c'est refuser la liberté, puisque être libre, c'est agir en connaissance de causes. Par conséquent, tous les petits vices humains auront leur pendant religieux: pourquoi est-ce que untel bat ma femme? Parce que sa religion le lui indique explicitement, pardi! Pourquoi un autre va-t-il cracher son boing sur un building: car ce building est le symbole des mécréants!

Alors André Malraux n'a peut-être pas tout à fait tort, mais ce qu'il oublie de dire, c'est que ce mouvement est circulaire et infini: après la vague des massacres perpétrés au nom de l'Homme dit "supérieur" viendra la vague des horreux commis au nom d'une religion spécifique... Un autre Malraux balancera alors une nouvelle vieille idée qui consistera à dire qu'il faut tuer les dieux si l'on veut sauver l'espèce humaine.

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Posté le mercredi 03 janvier 2007 à 11:27

Quand Jack rencontre Johnny (la marche de Daniel)

Qui est Théhuti ?
Pour les nouveaux venus, cette série d'articles doit vous surprendre, vous qui vous attendiez à lire des analyses drôlatico-psychiatriques des textes de la star des stars, j'ai nommé : paris8depression. Théhuti (ou Theo feels that, ou Roberta, ou lenviedekriss ou encore wanda0007) est une personne qui se distingue par une certaine élégance de style : si vous demandez à cette personne d'étayer un peu ses preuves, quand il délivre une théorie hasardeuse sur la venue d'extra-terrestre dans ce qu'il nomme « la protohistoire », il vous répliquera une des ces deux réponses-types, selon l'humeur que lui aura apporter le spiritueux de la soirée : ou bien, dans le pire des cas, il vous dira qu'un blog n'est pas un endroit pour donner des preuves à ses théories (du coup, on se demande pourquoi, bon dieu, il nous parle de ces E.T.) ; ou bien, dans le meilleur des cas, il vous insultera d'ignares, d'abrutis attardés sur les bancs des écoliers. Vous vous demanderez sans doute pourquoi je place ici « meilleur des cas » du côté des insultes et « pire » du côté de la politesse. La raison est simple : en nous insultant, Théhuti montre son véritable visage, nous donne l'envie de fuir bien loin ou de l'affronter, de répliquer. Par la politesse, par contre, il apparaît (à moi et d'autres membres de la blogosphère intellectuelle) comme une sorte de gourou qui charme les esprits... En voulant séduire les esprits naïfs par de beaux discours, il essaye de se créer sa petite secte. Dieu est mort, sans doute... mais cette mort désespère pas mal de gens qui sont prêts à accepter n'importe quelle idiotie du moment qu'elle nourrit leur penchant (immature) pour la crédulité. Comme le déclarait Clément Rosset, pour le croyant, l'important n'est pas spécialement l'objet de la croyance, mais de croire tout bonnement... mais il y a des modes quant aux objets de la croyance, et les E.T. ne sont pas une mauvaise voie à explorer.
Mon but en écrivant ce texte était d'introduire mon analyse d'un message de Théhuti, mais je me rends compte que ce texte se suffit à lui-même... Par conséquent, j'y mettrai un point final et reviendrai, plus tard, à ce dont je voulais réellement parler.

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Posté le mardi 02 janvier 2007 à 23:03

Un p'tit mot

On va sans doute dire que j'ai encore l'esprit belliqueux, que je suis susceptible etc. mais j'ai l'impression que Théhuti veut faire passer une insulte derrière le mot qu'il affectionne depuis quelques temps, à savoir le terme "philocrate".

Faisons un peu d'étymologie à la manière théhutienne: "philocrate" est la combinaison (inexistante dans mon P'tit Robert, qui date quelque peu) de deux mots: philo- et -crate. On peut trouver le terme philo- dans "philosophie", "philanthope" etc. et le terme -crate dans "aristocrate", "phallocrate" etc. "Philocrate" désignerait donc logiquement: qui fait de l'amitié une force, une puissance digne de dominer les Hêtres humains (comme l'écrirait Théhuti), l'amitié comme fondement politique. J'aimerais donc savoir ce que Théhuti entend réellement par ce terme, le message qu'il cherche à faire passer. De plusieurs choses l'une: ou bien, Théhuti ignore l'étymologie du mot "philocrate" (et pour cause: ce mot n'existant pas dans ses dico d'étymologie, il aura un peu de mal à trouver un sens) et s'imagine que le suffixe -crate suffisant à discréditer une personne (bureaucrate, phallocrate, gélésitrouyequimecrate) il suffit de calquer et de condenser philosophe sur n'importe quel autre terme en -crate (c'est oublier que "démocrate" part de la même racine); ou bien Théhuti me prête une idée, charmante sans doute, mais qui ne convient guère à mon esprit frondeur, en prétendant que je fais de l'amitié la valeur des valeurs, celle qui surpasse toutes les autres valeurs et les conditionnent; ou bien, Théhuti m'insulte en parfaite connaissance de cause en me traîtant, en quelque sorte, de partisan du clientélisme! Je m'explique (pour Théhuti, ça ne sert à rien, il va encore dit que mon langage est obscur, alors qu'il est clair pour tous):

derrière cette charmante insulte, qui, au premier abord (pour un esprit éveillé à l'étymologie) apparaît comme un compliment, se cache en fait l'idée que la politique devrait être une affaire purement subjective! L'amitié comme fondement politique est une utopie, c'est-à-dire qu'elle est impossible à partir du moment où l'on veut en faire une valeur universelle. Je suis assez bien placé pour dire que Théhuti n'est pas mon ami: j'ai d'ailleurs refusé son invitation, après qu'il m'a insulté* de con sur le blog de Kriss, de bouche de trop à nourrir sur mon propre blog etc. Je ne pourrai donc jamais dire de l'amitié qu'elle est universellement valable en politique, qu'elle peut lier tous les hommes (cf derrière un très beau dialogue de Platon sur l'amitié). Si l'amitié ne peut être un fondement valable pour une politique juste, c'est parce qu'elle ne fonctionne qu'en petits groupes. Même en réseau, elle ne permettrait pas d'unir tous les hommes (voyez: Kriss est l'amie de Théhuti, je suis l'ami de Kriss, et pourtant Théhuti et moi sommes de vrais ennemis), car elle ne constitue pas une bijection. Une philocratie effective est donc une politique qui consisterait à ne réserver le pouvoir qu'aux amis (T'es mon ami, tiens, je te donne ce poste d'Administrateur de l'UNICEF) C'est tout simplement ce que l'on appelle le clientélisme... et je ne vois pas ce qui permet à Théhuti de dire une chose pareille: malheureusement pour moi, je n'ai aucun contact avec le monde politique, et je ne m'attends pas à être pistonné pour obtenir un poste dans la moindre administration...

Mais je crois savoir d'où vient le problème: j'ai dit à Théhuti que j'étais Administrateur dans une Maison d'Editions. Il a dû confondre: la maison d'éditions pour laquelle je travaille n'est qu'une petite bulle qui ne doit rien (en tout cas, pas grand chose) au monde politique belge. Elle est en dehors de ce système: pour entrer au sein de cette administration, mon p'tit Théhuti, je n'ai dû obtenir aucun piston, mon C.V. suffisait.

En conclusion: je ne suis pas philocrate, et je me demande vraiment qui a pu vous mettre cette idée en tête... un E.T., très certainement.


* Théhuti, qui commet pas mal d'erreurs d'orthographe et de grammaire, sera sans doute le premier à me dire: "Ah! ah! ah! Mickey, tu t'es planté, 'fallait mettre le subjonctif". Je lui conseillerai, à lui et à tous ceux qui voudraient me faire la remarque, que l'on emploie, assez logiquement d'ailleurs, l'indicatif après avoir utilisé l'expression "après que". Théhuti est étymologue, pas grammairien, je me permets donc de lui faire la remarque, lui qui ne manque pas, dans une phrase qui comporte cent erreurs grammaticales et orthographiques, de signaler à moi, Molloy ou autres nos petites erreurs.

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Posté le mardi 02 janvier 2007 à 09:06

La Politesse (et l'humilité) de Théhuti

Pour débuter la nouvelle année, voici un petit dialogue (en différé) entre Théhuti et K-Sper... où l'on notera que Théhuti ne sait décidemment pas ce qu'est la courtoisie.

De THEHUTI, posté le Vendredi 29 décembre 2006 à 22:28
"AAAAAH PUTAIN, C'EST DU BONHEUR A TARTINER CET ARTICLE!!"

Salut Grand Moloï de chez Monjoï. Et bien, cà commence bien ton com avec ce joli nom que tu emplois (Putain) ! Je pense que lorsque tu écris "AAAAAH" tu as les citrouilles qui se vident au moins ?
As-tu mis du beurre sur la tartine parce que çà va glisser, tu sais.
Et en plus, tu es d'une très grande impolitesse. Bon, je vais encore faire un effort pour que ton petit neurone puisse enfin s'épanouir (De joie !)

L'obscur (Signifie privé de lumière, et tu voudras bien ne pas mettre un E final) mais éclairé Théhuti (Tiens cela me rappelle le clair-obscur) ne se querelle jamais ; Il lutte, c'est différent, non ? Et en plus, il combat contre plus que lui.
Plus que lui, c'est seulement en nombre, pas en valeur, tu sais. Ce qui prouve au moins, si ce n'est pas plus, qu'il faut une certaine quantité de neurones rassemblés en armée, en provenance de moult blogueur's pour me déstabiliser.
Il y en a même qui s'amusent à me télécopier, c'est pour dire que j'suis hachement balaise, toi qui ne comprends rien.

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"j'avoue humblement ne pas pouvoir prendre part à ce débat tant il touche à des sphères dont j'ignore les fondements-mêmes,"

Donc, si tu ignores ce qu'est une sphère, faudra pas t'étonner si ton neurone reste frustré !
Pour ce qui est du fondement, voir le p'tit Robert dans son expression familière, mais non entâchée de grossièreté, comme tu sais si bien les utiliser (Les grossièretés banane, pas les fondements !). Il faut que vous le sachiez !

------------

"mais je voulais saluer la performance que constitue ce courrier. c'est assez agréable de voir balayer méthodiquement les certitudes d'une personne arogante"

Dis-moi mon gros Monoï, je passe sur ton orthographe car il faudrait que je m'arrête sur chacun de tes mots, si tu es certain de tes certitudes à toi, et à celles du grand philocrate, j'ai nommé (Censuré), il ne faudrait pas mélanger les genres grégaires et le genre à moi ! Tu comprends au moins ?
Je t'explique : Philocrate a des idées lumineuses de bon sens, oui mais, ces idées là, çà fait plus de 2000 ans "qu'ils" en abusent. Pour t'expliquer ce que sont "ils" il te faudra revenir quand tu en auras 2 (Neuneus)

------------

"je trouve vos réponses justes (dans leur ton, à défaut de pouvoir en analyser leur contenu en ce qui me concerne)"

C'est bien ce que je me disais. Tu n'as rien dans le cigare, tu as tout dans l'oreille. Tu préfères les joueurs de flûte enchantée à celles qui ne le son pas ! (Tu peux ajouter un T à son, si cela t'enchante, mais juste pour la sonorité !)
Bon, ouf, encore un qui préfère le gros "ronron" des chansonnettes à 4 sous ! et çà perdure, c'est çà qu'est terribilis !!! quand même.

------------

"et celles-ci sont d'autant plus crédibles que Th.. sombre progressivement dans une argumentation dont les propos ne sont guère plus élevés que les conversations d'un bistrot PMU"

Moi quand je vais au PMU, çà me détant de voir tous les gros ploucs comme toi, laisser leur argent pour payer l'avoine des chevaux, les pauvres. Mais je suis certain qu'avec des idées comme tu en as (Et Dieu sait si tu en possèdes un bon paquet de (Censuré) dans tes idées, çà va changer la face du monde ? Alors au bistrot je bois un bon café, tu sais. Aidez-moi mon Dieu, je suis au bout du bout !
Bon, en ce qui concerne mes conversations de bistrot, je ne parle que de la venir des Hômmes ! Do you understand, pépère ?

Il y a ceux qui sont élus, comme moi, et qui repartiront vers les étoiles, et toi, tu resteras là, planté, avec tes deux pieds dans la (Censuré), avec l'eau qui monte où tu vas te noyer (Cause réchauffement planétaire) ! (Une parenthèse : Et si c'était dans un bain d'anis, tu piges ?).

Remarques-que bien qu'au bistrot, je ne me gène jamais pour boire un bon coup ! De Maïs ou d'Aloes, çà se sont mes préférences, mais, il faut avoir tout compris dans le DVC pour savoir connaître de quoi je parle à toi, ici.

------------

"(notamement la suggestion d'un contenu mystico-philosophique dans le roman de gare de M. Brown)"

Tiens, justement, je venais d'en parler un peu du DB. Mais ne confonds-tu pas avec James BROWN, le JB, car lui il vient de repartir, vers les étoiles, mais pas les mêmes que les miennes !

Bon mon pauvre A-Tribu (Euh, pardon je me suis trompé je voulais écrire pauvre A- (Censuré) Bruti, voilà c'est fait !

Le jour où tu comprendras DB, dans le DVC, tu pourras être fier de TOI ! En effet, tu possèderas 2 paires de neuneus.
Tu n'as qu'à lire les com. de Philocrate, il a tout compris, LUI. Il t'expliqueras beaucoup mieux que moi ce qu'est une explication mystico-ra-nationaliste !!!

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"BREF, je vous encourage vivement à continuer ces débats qui, malgré une apparence de "guerilla" nous emmnène malgré tout à une reflexion quelle qu'elle soit. j'adresse également à Th.. mes salutations en espérant ne pas avoir été trop impoli à son égard...
k-sper"

Moi j'aimerais bien continuer les débats, mais çà fait 12 ans que je me livre à des explications rationnelles et logiques (Je ne vais pas trop en profondeur sur le net... malgré tout, pour des raisons qui me restent personnelles) et je me retrouve toujours devant des Humanoïdes à la cacahuète applatie et à la comprenure étriquée.
Il faut savoir que leurs argumentaires sont ceux-ci : Moi, on m'a appris à l'école, au cathé que .... et puis il l'ont dit à la télé, alors tu penses...!
Toi, t'es quoi ou t'es qui pour tout remettre à plat et ne parler que de bon sens. D'affirmer que tout est faux, tronqué, voilé ?
Mais tu nous prends pour des (Censuré). Je voulais dire seulement pour des bananes !

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"nb : il se peut que quelques fautes d'orthographe se soient glissées dans ce commentaire mais j'espère que la précédente lecon d'humilité de p9d fera comprendre à mes éventuels détracteurs qu'il n'est pas pertinent de les relever quand on est pas capable de discerner les siennes.."

Tu as trop de fautes, fait. Mais çà je t'absous, je te pardonne. Je voulais juste un peu plaisanter. Allez, on boit une p'tite coupe de champy !

Par contre, je ne te pardonne pas, de ne rien avoir compris tout. T'as compris au moins ce qu'est la théhutification du langage ?
Allez, mon gros pépère, bois un coup à ma santé et à celle de Philocrate, c'est la fête dans 2 jours. On va bien rigoler, tu sais.
Au fait, tu sais au moins pourquoi il y a une fête dans 2 jours. Ne me dis pas parce que c'est le nouvel AN ? Enfin, j'espère pour toi.

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Posté le mardi 02 janvier 2007 à 07:26

Puis-je vous appeler Mikey, puisque tout ce que je lis émanant de votre ppeudo-connaissance philosophique me fait réellement téléporter chez les Disneyland's ressort.

Réponse : Appelez-moi Mikey, à votre guise. J'aime moi-même donner des surnoms aux gens, comme par exemple « Abruti » si cela rime avec le pseudo d'un parfait abruti. Par ailleurs, cher Théhuti (heu, Roberta, pardonnez-moi), je me demandais si après autant d'années d'études en psychiatrie (car c'est une spécialité de la médecine, n'est-ce pas ?) vous aviez eu l'occasion d'étudier la philosophie à « temps-plein », comme moi. Je suis assez surpris que le « pseudo » de mes connaissances en philosophie n'ait pas été pointée par une certaine prof de philo, avec qui j'ai souvent l'honneur de discuter.

Je vais prendre la défense de Théhuti dont je ne partage pas tous les points de vue, quoique nous laissant malgré tout, sur les traces d'un arrière-goût méditatif sur le passé de la terre, passé sur lequel moi aussi, je m'interroge un peu.

Réponse : j'aimerais tout d'abord préciser qu'un « arrière-goût » est une trace, une mémoire de goût en quelque sorte. Mais bon, ce n'est pas spécialement le point le plus important. Je vous en prie : arrêtez de nous faire croire que vous n'êtes pas Théhuti !!!! On vous a reconnu à vos mauvais jeux de mots et vos tournures rhétoriques approximatives. Et encore un mot : eh oui, il m'arrive aussi assez souvent de me poser des questions sur l'origine de la Terre... d'imaginer le comment de tout cela. Mais un peu terre-à-terre, je préfère m'en tenir aux versions officielles (il y en a plusieurs, je sais), soutenues par une méthodologie et une argumentation plus solides que celle qui consiste à dire : « Les hommes étaient bien trop cons à cette époque que pour avoir la moindre intuition des équinoxes ».


Pour revenir à un certain article paru sur un certain blog qui m'est encore inconnu aujourd'hui (Merci de préciser), vous parlez d'atome philosophique, pardon, subtil, comme vous devez certainement l'être dans un mirroir polygonale inversé !

Réponse : Il s'agit d'un article de Kriss, intitulé « L'Âme ». Je ne parle pas d'atomes philosophiques, mais d'atomes subtils, dans le sens originel du mot « atome ». Par contre, je ne savais pas qu'un miroir pouvait également refléter le caractère des gens... à part dans Alice aux Pays des Merveilles, mais là nous « nous téléportons réellement chez Disneyland's ressorts ».

Désolé, mais 12 années d'études en psychiatrie scientifique avancée, me permettent d'affirmer que vous pratiquez, vous aussi, la théhutification du langage, à un point tel, que thehuti semble être un rigolo à coté de vous.

Réponse : vous ne comprenez pas le substantif « théhutification », apparemment. Reportez-vous à mon article qui lui est consacré. Dans le texte en question, je précise que l'idée développée est une idée de Lucrère (ou d'Epicure, peut-être), c'est-à-dire l'idée d'un philosophe latin de l'Antiquité. Placé dans ce contexte, on sait très bien qu'on ne se situe pas dans le registre de la physique contemporaine, et que le mot « atome » est à prendre au sens que lui confère Lucrèce, à savoir celui de Démocrite et de Leucippe. D'autre part, on parle de l'âme, qui est un concept qui, pour les sciences, ne signifient rien... C'est un mot passe-partout que même les psychologues de chez Cora n'oseraient utiliser pour définir l'homme. Mais dites-moi, au fait, vos études en psychiatrie vous poussent-elles à étudier la physique de manière aussi approfondie que celle des physiciens ?

Si vous me permettriez de lancer à votre face "At Home Mike" je vous expliquerai le pourquoi : Affirmez que l'atome n'est essentiellement composé que de vide, me foudroit sur place.
Poséïdon m'a frappé.

Mikey, vous êtes vraiment plus fort que ce pauvre théhuti dans la monstruosité de vos affirmations. Renseignez-vous auprès de scientifiques avertis et non pas auprès de virtuels pseudo-scientifiques écoliers en cours.
Je crois que là, vous feriez bien effectivement, de vous armez d'un dictionnaire scientifique et technologique (Cf. Les Sciences de l'Avenir en page 72, Ed. Derby 2005)


Réponse : Ce n'est pas moi qui le dis, mais un professeur d'astronomie... Désolé pour la source. Elle vaut mieux que celle d'un(e) psychiatre, non ? La référence à un dictionnaire scientifique me fait sourire, cher Théhuti : est-ce un clin d'œil au conseil que je vous ai donné relatif au Lalande. J'ai lu chez la prof de philo que vous l'aviez demandé au petit papa Noël. J'aimerais vous avertir : ce dictionnaire est un OUTIL – il ne se lit pas comme du Dan Brown.

Mon pauvre Mikey, vous l'êtes aussi, un pauvre d'esprit.
Si dans votre conception du monde atomiste, ce dernier est constitué de vide et d'atomes (Avec un S c'est mieux) et que de plus, votre conception de l'atome est qu'il soit essentiellement composé de vide, l'autre histoire dont vous n'avez pas parlée justement, il n'y aurait pas d'équilibre dans notre Univers, tout foutrait le camp, surtout vous, y compris.


Réponse : Et voilà, Théhuti (ou Roberta, je m'y perds à présent, après Théo feels that qui n'était qu'un de vos avatars – ce qui vous trahit, Théhuti, c'est votre style). Et voilà, disais-je, vous venez de pratiquez ce que je dénonçais dans mon article précédent : le saut méthodologique avec théhutification de langage. Tout d'abord, la conception atomiste n'est pas MA conception du monde, mais celle des atomistes, qui, à l'origine, disent que le monde est constitué d'atomes et de vide (pour l' »s », un peu mesquin: je ne vous reproche pas vos deux « r » à « miroir » et votre ignorance quant à la conjugaison d'un verbe de la première catégorie comme « foudroyer »). Si vous connaissiez un tant soit peu l'histoire de la philosophie (et permettez-moi de vous faire ce reproche lorsque vous osez parler de mes pseudo-connaissances philosophiques), vous sauriez que les philosophes, et tout particulièrement ceux que l'on dit « présocratiques » se sont interrogés sur les origines du Monde et sur ce qui le constitue. L'atomisme est une des versions, non mythologiques, de l'origine du Monde. Deuxième théhutification : vous me prêtez votre propre SAUT METHODOLOGIQUE dans ma démonstration de l'ignorance qui vous caractérise. Dans un premier temps, je rappelle qu'il y a au moins deux conceptions de l'atome : l'originelle, qui est celle de Démocrite et Leucippe, selon laquelle l'atome est un élément NON-SECABLE (d'où son nom) ; la contemporaine, celle des physiciens, qui ne respecte pas le sens étymologique du mot, où l'atome est composé d'un noyau autour duquel gravite des électrons. D'après un professeur d'astronomie (et non d'après moi), qui se base sur les travaux d'autres scientifiques, l'atome est essentiellement constitué de vide, qui permet le déplacement des électrons. Je n'ai donc jamais dit que l'atomisme de Démocrite était une doctrine qui faisait du monde un monde quasi-vide. Pour Démocrite, Leucippe, Epicure et Lucrèce, l'atome est une particule élémentaire pleine. Pour Rutherford, la matière est essentiellement vide. Je n'ai pas fusionné ces deux conceptions de l'atome – (cette fusion est un des principes de vos sauts méthodologiques).

La gravitation, l'electromagnétisme, les quanta, l'énergie, les photons etc. ne pourraient être qu'hypothèses d'écoliers. A moins que vous ne soyez encore qu'un pauvre écolier !

Réponse : Je ne suis effectivement pas physicien... et je ne le prétends d'ailleurs pas, contrairement à vous qui vous prétendez philosophe sans rien connaître de la philosophie. Et je ne savais pas que la physique était qu'une affaire d'écoliers.

Votre syncrétisme est parfait.
Votre a-tome s'est, malheureusement pour vous, engouffré dans le plus que sécable, puisqu'aujourd'hui notre accélérateur de particules, le synchrotron, justement, nous sert à découpper les atomes et ensuite seulement les particules élémentaires.
Ceci pour y accélérer les protons et y faire surgir les plus petites particules, actuellement les quarks.
Elémentaire mon cher Ouate-Sonne.


Réponse : Ai-je seulement dit qu'il était impossible de découper les atomes ? Dans le sens premier du mot, « atome » signifie qu'il est non sécable. C'est de l'étymologie comme vous aimez.

Je crois très sincèrement que vous souffrez aussi d'une maladie rare, la thehutification.
Recherchez du boulot, travaillez un peu et tout ira mieux, vous verrez.
Ne restez pas oisif, à vivre aux crochets d'une société qui n'a rien à attendre de vous.
Actuellement vous êtes une bouche de trop à nourrir.


Réponse : En tant qu'administrateur d'une maison d'éditions, je ne vis plus aux crochets de la société. Mon oisiveté est toute relative : disons que, contrairement aux salariés ordinaires, je peux me lever à l'heure que je désire (vous remarquerez que je commence mes journées assez tôt) et organiser mon temps de travail à ma guise. Il m'arrive de travailler le dimanche, il m'arrive de travailler jusque tard dans la nuit. Je n'ai aucune leçon à recevoir d'un prétendu psychiatre qui, s'il était réellement psychiatre (à vrai dire, je suis prêt à le croire : on dit des psychiatres qu'ils sont plus fous que leurs fous), devrait effectuer un petit travail de conscience : car s'enrichir ainsi sur la souffrance des autres est sans doute ce qu'il y a de pire au monde.

Je ne sais pas de qu'elle méthodologie vous vous servez pour élaborer vos grilles d'écritures, des articles ou des commentaires que vous jetez sur le net aux petits esprits, mais je vous souhaite sincèrement d'ordonner celles-ci rapidement si vous ne voulez pas, vous aussi, être considéré comme un plus qu'a-bruti et a-brutiZAN !
A ce jour, je suis loin de vous considéré autrement.


Réponse : « méthodologie » n'est pas un verbe (si je puis me permettre). Primo, ce ne sont pas les méthodologies qui élaborent les grilles de lectures (relisez mon article) ; secundo, mon blog, contrairement au vôtre, cher Théhuti, ne prétend pas délivrer des vérités sur le monde – je l'ai assez souvent répété : ce blog est une plaisanterie sur le cas humoristique p8d. Mes articles sur votre cas ne devraient pas être insérés ici, normalement : et quand j'en aurai fini avec vous, je les déplacerai sur un autre blog plus sérieux. Ceci pour dire que je n'ai pas besoin d'ordonner mes analyses ou de leur trouver une méthodologie.

Pour terminer sur ce chapitre ou vous excellez, "encore plus pire que pire" que n'aurait pu le faire thehuti, le pauvre, le roman de Dan Brown n'est basé que sur des faits scientifiques. Encore aurait-il fallu que vous le sussiez ou que vous le sachiez (Et je reste poli comme dirait thehuti) que cela existe bien !

Il vous suffirait de prendre connaissance des profondes enquêtes et études qu'ont réalisées Michael Baigent, Richard Leigh et Henry Lincoln dans l'Enigme sacrée et Le Message, ainsi que Richard Andrews et Paul Schellenberger dans la Montagne sacrée, le tout que vous pouvez retrouver aux éditions Pygmalion-Gérard Watelet, si vous avez encore un peu d'argent sur votre compte auto-alimenté* par les autres.


Réponse : Eh oui, vous doutez de mes connaissances - franchement, croire que je n'ai pas entendu parler de ces best-sellers remis au goût du jour par le tapage médiatique sur le DVC, c'est serait comme imaginer que personne n'ait songé à se demander ce que pouvait signifier l'adjectif "aviaire" dans "grippe aviaire". Ma femme a lu « L'Enigme sacrée »... apparemment, ce document est quand même fortement remis en doute pas la Communauté Scientifique. J'ai un peu du mal à considérer ce genre de « littérature » comme sérieuse – « La tour de garde » ne fait pas mieux. Il faut dire que des ouvrages de prétendues sciences qui incluent dans leur titre le tapageur « sacrée » me font plus penser à des ouvrages de théologie que de sciences.

Peut-être que si votre intelligence arrivait à se développer un peu et être moins simiesque, accepteriez-vous l'idée que le Da Vinci Code pourrait être lu, autrement qu'un roman.

Réponse : Vous qui lisez « Science et Vie » avez-vous lu le numéro spécial qui lui était consacré ? Celui à propos du clonage du Christ, du Da Vinci Code etc. Sous-entendez-vous que le très sérieux magazine "Sciences et Vie" serait dirigé par une bande de singes????Par contre, je ne savais pas qu'un fait culturel comme le « roman » était l'apanage des esprits simiesques. Un roman est une production humaine, me semble-t-il, non ?

Je pense que votre Alfred Chichecoq (Que j'adore pourtant) est largement dépassé !

Réponse : Je ne vois pas ce que Alfred Hitchcock a à voir là-dedans. Si j'ai parlé « cinéma » dans mon article, c'est de l'œuvre d'un cinéaste bien contemporain : David Lynch. Mes références à Alfred Hitchcock sont sans doute nombreuses, mais non moins que celles d'auteurs contemporains comme Jim Jarmusch, les Frères Dardenne, David Fincher etc.

Mais puisque Dante est votre livre de prière, et que Lalande est votre Bible, je crains que tout ce commentaire vous soit incompris et donc, thehutifié aussi.

Réponse : Pourriez-vous me dire où j'ai parlé de Dante, en tout cas, où je l'ai évoqué aussi saintement ? Quant à Lalande, il n'est pas pour moi une Bible, mais un bon outil de travail. Comme le dit notre chère prof de philo, c'est LA référence

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Posté le jeudi 21 décembre 2006 à 09:26

Modifié le mercredi 03 janvier 2007 à 13:19

Pot-pourri méthodologique

Pot-pourri méthodologique

Il y a quelques temps, Théhuti me posait la question quant à savoir ce que j'entendais par « atomes subtils », rétorquant que tous les atomes étaient composés d'un noyau et de ses électrons. (Ce que Théhuti oublie de préciser, c'est que l'atome est essentiellement composé de vide ; mais bon, c'est une autre histoire).

A première vue, cette question n'est pas absurde ; et je dirai même qu'elle est assez légitime. Néanmoins, elle est extraite de son contexte, dans lequel je fais référence à Epicure et Lucrèce, qui, comme tout philosophe le sait, reprirent l'idée d'atome à Leucippe et Démocrite. Dans une conception atomiste du monde, ce dernier est constitué de vide et d'atome.

Ce qui nous surprend, de la part d'un fan d'étymologie comme Théhuti, c'est que ce dernier fait immédiatement référence à l'atome des sciences physiques contemporaines et non à la racine du mot. Si mes souvenirs sont exacts, le mot « atome » signifie non-sécable (il est précédé du fameux « a » privatif que l'on retrouve dans an-archie, a-politique, ou même a-bruti qui signifie SANS intelligence).

Ce saut de références, qu'aime à exploiter Théhuti pour tenter (vainement) de ridiculiser ses adversaires plus intelligents, est assez symptomatique des méthodes d'investigations de Théhuti. Lorsqu'on écrit sa thèse de doctorat, ou un essai à caractère scientifique ou philosophique, la première chose que l'on demande à l'auteur est de définir sa méthodologie... C'est-à-dire que l'on pose la question essentielle du type de grille de lectures à utiliser pour étudier tel phénomène ou pour lire le résultat de ces recherches. Une analyse de films, par exemple, peut se faire de manière psychanalytique (grille de lecture bien adaptée à l'œuvre d'Alfred Hitchcock, par exemple), ou sémiologique. Les savants sont bien conscients qu'une méthode de travail est toujours en partie arbitraire, qu'une grille de lecture va faire apparaître certains éléments pertinents aux dépens d'autres éléments, peut-être très pertinents, mais d'un autre point de vue.

Or, Théhuti, comme le faisait remarquer une connaissance qui s'y connaît quand même en sciences, part d'une idée bien précise (ce n'est pas une mauvaise chose en soi : partir à l'aveuglette, sans savoir ce que l'on cherche, est un piège de l'empirisme pur et dur) et cherche à défendre cette idée en se fichant complètement de la méthodologie qu'il va adopter, retirant chez certains les éléments qui vont dans son sens, en excluant tout ce qui contredirait sa thèse... butinant de-ci de-là, une fois dans « Sciences et Vie » (qui, malgré sa ligne éditoriale, est un magazine écrit par plusieurs scientifiques d'horizons divers et d'idéologies différentes), une fois dans son dictionnaire Larousse (et si Larousse ne lui donne pas raison, il cherche chez Robert ; et si Robert s'oppose également à lui, retrouve le minuscule détail étymologique qui conforte sa thèse). Et si toute la communauté scientifique lui donne tort, il se rabat sur l'argument type du parano, qui est également celui du complot universel : « La science n'est qu'une affaire de gros sous » ; ou bien « Les scientifiques sont des crétins »... tout en précisant que le magazine « Sciences et Vie » est un magazine très sérieux (ce que je nie nullement, vu que j'y suis abonné).

Mais le pire de ce melting-pot méthodologique n'est pas tellement dans le brassage sélectif des grilles de lecture, mais plutôt lorsque Thehuti use de la fiction pour contredire les fictions et la réalité, lorsque Théhuti s'amuse à dénoncer les prétendues fictions scientifiques qui le gênent avec pour seule preuve à l'appui les romans de Dan Brown, les films de Tim Burton ou de Spielberg et toute la mythologie. Un professeur de philosophie m'avait reproché de dénoncer la fausseté de la psychanalyse en utilisant « Lost Highway » de David Lynch ; très justement, il me disait : « Fiction contre fiction ? Il n'en résultera rien de vrai ». A la différence de Théhuti, je compris la leçon...

POST-SCRIPTUM: La philosophie de Théhuti

Dans un commentaire du 1 août, Théhuti écrivait à Kriss, sur son article consacré aux Mots:

J'ai basculé de ublog à skyblog.
Alors ceux que cela peut interresser :
htpp://thehuti.skyblog.com

C'est aussi de la philosophie, mais dans un autre registre que celui de kriss.


A la lecture du blog de Théhuti, il nous apparaît évident qu'il ne s'agit là nullement de philosophie, même si ses textes se disent d'un autre registre que celui de Kriss. Sans doute, Thehuti va-t-il encore torturer le mot "philosophie" jusqu'à trouver un lien entre ses délires et la philosophie... La philosophie a été une révolution chez les Grecs dans la mesure où elle proposait un discours sur le Monde qui était différent de celui des mythes. Si, dans ses dialogues, Platon utilise les "mythes", plus justement nommés "allégories", ce n'est jamais pour lui qu'une manière d'illustrer ses idées. L'allégorie de la caverne n'est pas une croyance en l'existence d'un homme enchaîné dans une caverne, mais une comparaison poétique du sens commun. Prendre les mythes pour argent comptant, comme le fait Théhuti, n'est donc pas une attitude philosophique... Et nous avons vu plus haut qu'elle n'était pas non plus scientifique.

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Posté le mercredi 20 décembre 2006 à 11:13

Modifié le mercredi 20 décembre 2006 à 12:36

Mais qu'est-ce qui se passe dans l'esprit de Théhuti?

Mais qu'est-ce qui se passe dans l'esprit de Théhuti?

Pour Kierkegaard, comme pour Kant d'ailleurs, la foi et la connaissance scientifique fonctionnent selon deux modes différents: la foi n'est qu'une certitude du coeur, quand la science élabore des moyens de justifier universellement (donc rationnellement) ses méthodes de recherches. La foi est subjective et ne concerne que ma propre conscience, la science est objective et ne touche que ma raison.
Cette distinction entre la foi et la science est devenue assez banale à notre époque; il n'empêche qu'il fallut attendre Kant pour faire taire les théologues qui s'imaginaient pouvoir élever la croyance au rang de connaissance scientifique. Dans sa "Critique de la Raison Pure", Kant montre qu'en utilisant les outils de la raison, il est fort possible de démontrer la thèse et l'antithèse d'idées, relatives à l'âme, au monde et à Dieu, qui ne doivent rester que directrices.
La Critique de la Raison Pure n'avait que pour humble tâche de délimiter le champ légitime de l'investigation scientifique, de rationnaliser la Raison elle-même, c'est-à-dire de limiter celle-ci de sorte qu'elle ne vienne pas à déraisonner.

Le plus grand des philosophes nous apprenait tout simplement l'humilité.

Dans l'introduction, Kant écrivait: "Quand on sort de l'expérience, on est sûr de ne pas être réfuté par elle"... et que nous pouvons élaborer toutes les fictions qui nous passent par la tête, du moment que nous ne nous contredisons pas. J'ai l'impression que cette idée est celle qui sert de pierre d'achoppement aux longs développements de Théhuti. Sur son blog, Théhuti affirme que nous ne sommes que des robots venus d'une autre planète... Une théorie énorme, supportée par une argumentation très petite et très légère: "Je n'ai pas le temps et l'envie de démontrer ces vérités. Elles sont vraies, croyez-moi, et si vous ne me croyez pas, c'est que votre cerveau est atrophié, que vous pensez trop au sexe et à vous amuser".

Avec ce type d'arguments, qui n'ont rien de scientifiques mais ressemblent plutôt à ceux des sectes (comme le disait un visiteur du blog de Théhuti), je peux également écrire certaines théories, certaines idées historiques, ou proto-historiques à caractères pixellisatoires: "Les Schtroumpfs sont les véritables fondateurs de la linguistique; et dans ce cadre, ils ont été les premiers à créer les dictionnaires étymologiques; ce fait me permet de dire que l'être humain n'est que le résultat d'un accouplement entre la Schtroumpfette et Grosbouf'". Vous fardez cet énoncé de dates bien lointaines, pour être sûr de sortir du domaine de l'expérience qui le contredirait, et vous obtenez une vérité théhutienne.

Après l'argumentation vient la défense des arguments - mais Théhuti nous a montré plus d'une fois que la mauvaise foi pouvait suffire à décourager ses plus intelligents adversaires: vous pointez une faiblesse dans son discours, et Théhuti arrangera votre discours en lui faisant dire ce qu'il n'a jamais dit. Par exemple: citez Kierkegaard, et Théhuti prétendra que vous êtes un catholique pur et dur; dites qu'un argument de X n'est PAS UNE lapalissade, et il se demandera comment vous pouvez trouver cet argument aussi évident. Etc.

Que Théhuti fonde de nouveaux mythes, à la rigueur, pourquoi pas? C'est toujours bien joli à étudier dans les écoles. Mais qu'il fasse passer ces mythes pour des vérités de faits, là, par contre, cela devient plus angoissant. Car Théhuti a beau dire qu'il n'a pas fondé une Eglise, il n'empêche que toutes les sectes sont nées d'une idée d'halluciné à laquelle personne ne pensait pouvoir adhérer.


POST-SCRIPTUM: La quarantaine de Théhuti.

Il est théhutifiquement évident que la quarantaine de Théhuti, qu'il nous a promis de respecter sur divers blogs, ne tiendra que le temps d'une mise en sommeil arbitraro-symboliquement déterminée. Je ne serai donc pas étonné que dans ce mot "quarantaine", qui à l'origine désigne une période de quarante jours, Théhuti veuille à nouveau nous faire croire qu'étymologiquement la mise en quarantaine ne définit que 40 jours extra-terrestres, c'est-à-dire 72 heures humaines (ou 72 minutes... voire 72 secondes).

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Posté le vendredi 15 décembre 2006 à 19:38

Modifié le mardi 19 décembre 2006 à 16:15

9 décembre 2006

Le bon Le Bon (ou le brave Gustave)

Individualiste anarchiste, grand disciple de Stirner, j'aime me plonger dans la lecture d'essai anti-collectiviste. Il y a quelques années, je suis tombé sur un livre de Gustave Le Bon: Psychologie des Foules, qu'il n'était pas bon de citer dans le milieu universitaire liégeois, demeuré dans l'esprit soixante-huitard. Pour choquer étudiants et professeurs, je citais des passages entiers de celui que, à tort, on considérait comme maître à penser d'Adolf Hitler. C'est un contre-sens assez fou: Le Bon explique le fonctionnement des foules, leur psychologie, répète à plusieurs reprises que rien de grand ne peut se faire sans le concours de foules enragées, mais que toute foule est intellectuellement inférieure à l'individu isolé quel que soit le niveau d'intelligence des gens qui la composent. Pour Le Bon, les foules sont irrationnelles, trop portées à l'exagération, à l'exacerbation des sentiments et des jugements trop hâtifs (l'affaire Dutroux en Belgique en est un bel exemple: le peuple belge a voulu absolument voir dans une affaire de quelques pédophiles isolés tout un réseau international de prostitution enfantine, comme si la pédophilie avait besoin de tout un support pour être atroce!!!).
Ecrit en 1895, donc dans ce dix-neuvième siècle où il était de bon ton pour la gente intellectuelle d'être raciste et antisémite, l'essai de Gustave Le Bon souffre évidemment de ces préjugés qui frappaient pourtant les grands penseurs comme Marx, Hegel, Feuerbach ou Nietzsche: existence de races (NB: le racisme, à cette époque, n'était pas nécessairement une doctrine qui clamait la prétendue supériorité d'une race sur une autre; elle était une croyance scientifique - car reconnue par la communauté des scientifiques - en l'existence de races différentes), paranoïa à l'égard de complots juifs, femmes naturellement hystériques et sentimentales etc.
Je dirais donc qu'il était plutôt normal de trouver des considérations de ce genre chez Gustave Le Bon... et il faut une certaine dose de mauvaise foi pour considérer cette Psychologie des foules comme un traité de fascisme avant la lettre.
D'une part, Le Bon explique, avec un petit air méprisant, les comportements qui expliquent l'adhésion des foules aux idéologies irrationnelles, en analysant la psychologie du "bon" orateur - celui qui attire et subjugue les foules.
D'autre part, Le Bon admet l'importance des foules pour renverser un pouvoir injuste (Révolution Française). On comprend aisément les débordements lors des manifestations anti-CPE en France; lorsque des plans d'embauche ont été proposés en Belgique, personne n'a réagi... et me voici condamné à faire le bouffon chez Delacre, au grand bonheur des bouffeurs de chocolat!
Le Bon n'aime pas les foules, remet en cause ce sur quoi s'appuient tout justement les Hitlers, Mussolini, les Napoléons ou les Césars. Il dénonce le caractère sanguinaire des pacifiques bourgeois lors de la Terreur qui envoyaient à la guillotine, en connaissance de cause, des innocents.
La question que je me pose, en fait, est celle de la psychologie des bloggers. J'ai l'impression que les foules virtuelles, générées à l'ère d'internet, perdent cette vertu que reconnaissait au foule le brave Le Bon: si la Terreur engendre à long terme les Droits de l'Homme; la foule virtuelle, quant à elle, efface la surface déjà lisse des intelligences qui la composent. Et une psychologie des foules virtuelles est-elle donc possible? Quand il ne reste même plus l'action pour palier à la faiblesse intellectuelle?
L'ère du virtuel est donc bien l'ère du vide...
Et je n'ai rien à ajouter.
Vive le top 100!!!

Pifpafpouf30 & Rezvanifan

1 novembre 2006

Les Limites de Skyblog

Je n’entends pas parler ici des limites comme bornes, mais des limites comme lignes de définition. Mon étude va donc porter sur des cas-limites : le diorguccisme et le p8disme.

1° Le diorguccisme est une idéologie qui proclame le reflet comme indépendant de ses origines, c’est-à-dire qui ne voit dans le medium et dans l’objet dont il est l’origine qu’une sorte de révélateur, un moyen de manifester une vérité qui dépasse ses conditions de possibilité. Le diorguccisme s’actualise sur skyblog de diverses manières : par l’exposition permanente de ce qui relevait jadis du journal intime (nombrilisme) ; par le refus de tout critique et le besoin de reconnaissance (narcissisme) ; par une fragilité d’esprit, relevable dans les discours traitant de la mode vestimentaire et comportementale – stéréotypie (gothique, par exemple), sentiment erroné d’unicité (djeunisme) ; et enfin, par une foi inébranlable en la toute-puissance des mots (symbolisme)[1]. C’est-à-dire une praxis dont le but est d’alourdir l’éphémère, l’inessentiel, l’insignifiant. Il est évident que ce qui prime dans la définition du diorguccisme et de ses variations n’est pas spécialement le narcissisme, ni même le djeunisme, comme on pourrait le croire. Il ne s’agit là que de manifestations psychologiques, trop ancrées dans une individualité, vague, sans doute, mais pas totalement absente. Le symbolisme, cette idéologie qui ignore la distance qui sépare le mot de sa chose, est le fondement même du diorguccisme.

Le diorguccisme est la Loi, et les blogs en sont les « actualisations » virtuelles pratiques, c’est-à-dire avec certains décalages inévitables par rapport à elle. En ce sens, diorgucci76, qui donne évidemment son nom à cette Loi Skybloggique, n’a nullement repoussé les limites de la skybloggattitude, mais en a donné sa formulation virtuelle la plus fidèle et la plus radicale, en la touchant au plus près, mais sans y adhérer pour autant. Son blog serait comme une forme épurée de ce que pourrait être un gr3enfly idéalisé.

2° Le p8déisme est un cas-limite très intéressant ; stricto sensu, on ne peut pas dire du p8déisme qu’il trace une limite bien claire qui permettrait de définir l’attitude Skyblog. Nous ne savons pas grand chose de paris8depression, des ambitions de son blog : sont-elles sociales, politiques ou tout simplement cathartiques comme il tente de le faire croire ? Une sorte de dadaïsme qui explorerait les voies du virtuel ? Se référer au dadaïsme n’est peut-être pas des plus pertinents : le dadaïsme n’a jamais été qu’une agression envers l’art et non une tentative de définir l’art en tant que tel. Du surréalisme, alors ? Non plus : le surréalisme devient méthodique à partir du moment où André Breton s’enferme dans le symbolique, c’est-à-dire dès qu’il ferme toutes les portes de l’humour, de la dérision et de l’auto-dérision, condamnant son art à n’être plus qu’un arrêt sur image d’un mouvement artistique pourtant bien engagé.

La démarche de p8d semble plus proche du Ionesco de « La Cantatrice Chauve » : les mots sont des extraits qui s’affichent comme tels (fonction copier/coller) ; la communication est impossible (ses commentaires sont eux-mêmes des extraits de commentaires désordonnés). Les articles de paris8depression ne sont que l’expression du chaos bien réel du virtuel : une googelisation skybloggique ! Un bordel qui finit par fasciner le visiteur de par son immensité et son insignifiance. Paris8depression définit Skyblog en proposant une série d’articles qui élèvent la surcharge d’insignifiance skybblogique à la puissance n. Son blog n’est qu’un palimpseste qui superpose des feuillets souvent insignifiants par eux-mêmes et auxquels la recombinaison arbitraire peut, dans quelques rares cas, redonner un sens.


[1] Se référer à mon article  « Le Retour en Force du Symbolique », publié sur http://gazdlog.canalblog.com.

26 octobre 2006

Des yeux dans les ténèbres


Des yeux dans les ténèbres
Vidéo envoyée par paris9depression
Avec cette vidéo, j'espère vous faire comprendre la distinction entre les plans du réel et le plan unique du virtuel. Il s'agit ici de montrer, d'arrêter le mouvement de translation entre les deux plans.
26 octobre 2006

Panic in detroit


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Vidéo envoyée par paris9depression
Oscar Wilde
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Contre la censure SKYBLOG
  • Suite à la censure arbitraire de mon blog paris9depression sur skyblog, j'ai préféré choisir un environnement qui ne serait pas dominé par le fascisme cybercopique. Mon blog a pour tâche de livrer des analyses ironiques de certaines perles de skyblog.
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